Au cœur de Rabat, devant la plus grande gare du Maroc et d’Afrique, et sur la plus longue avenue de la capitale marocaine, se dresse un étrange monument, représentant, semble-t-il, la carte des pays d’Afrique du Nord ou des pays du Maghreb arabe, à partir du Maroc, dont le désert a clairement été amputé de son territoire.
Rabie Khlie, directeur général de l’Office national des chemins de fer, qui a supervisé le parachèvement de la gare de Rabat, connaît certainement l’objectif derrière l’ouvrage et les intentions de ceux qui l’ont édifié.
C’est peut-être ce cadeau empoisonné que Rabie Lakhlie entend laisser derrière lui en guise d’adieux aux Marocains, comptant les jours qui lui restent à ce poste, puisque ses amis, les ministres de la Justice et du Développement ont quitté leurs départements ministériels. Et ce, d’autant plus qu’il est resté à la tête de cet office pendant plus de 17 ans.
Nous ne pensons pas que le directeur, diplômé de l’Ecole Nationale d’ingénieurs de Mohammedia, et qui a personnellement supervisé la conception des gares de Rabat, à l’image des aéroports du Royaume, ait été une proie facile pour l’artiste ou l’ingénieur qui a conçu cet étrange monument, placé avenue Hassan II, avec toute la charge symbolique portée par ce nom sur le plan national et historique. Il s’agit du nom du libérateur du Sahara et du concepteur de la Marche Verte, qui se tenait autrefois devant les Marocains, qui étaient tous rassemblés derrière lui, répétant le serment de la Marche Verte : « Dieu le tout puissant est témoin de la sincérité de mes sentiments et de mes intentions ».
Que les intentions du Directeur général des chemins de fer soient saines qui ne peuvent éveiller aucun soupçon, c’est un fait. Cependant l’élément de négligence est patent. Khlie porte l’entière responsabilité de la nomination de ceux qui l’assistent et qui ont permis cette piètre conception. Un tel acte remet sur le tapis la question de la bonne gouvernance. Il semble que plus le mandat d’un responsable est prolongé, plus son département est sujet à négligence et omissions, à un manque de diligence ou encore à la faiblesse de performances et de qualité requise.
Si cet étrange monument n’était pas amputé d’une partie du territoire, nous aurions pensé qu’il fait référence au train maghrébin, projet mort-né qui ambitionnait de relier les pays de la région, et qui était autrefois porté par la ligne ferroviaire reliant Rabat à Oujda.
Peut-être ce monument métallique, (placé sur la plus longue avenue de Rabat s’étendant de l’entrée de la ville en provenance de Casablanca jusqu’au pont de Hassan II en direction de Salé), constitue l’occasion de rappeler l’événement de l’inauguration de la gare Rabat-Agdal, le 17 octobre 2018, par le roi Mohammed VI comme étant la plus grande gare du Maroc et d’Afrique. Et ce, sachant que la gare Agdal date de 1925 et a bénéficié de plusieurs rénovations. L’inauguration en question avait été précédée, deux jours seulement auparavant, du lancement du train le plus rapide d’Afrique (Al Buraq) par le roi Mohammed VI et en présence du président français Emmanuel Macron.
Il se peut également que cette carte paraisse déformée parce qu’elle a été placée par mégarde horizontalement au lieu de verticalement. Néanmoins, la notion de responsabilité exige la correction de cette erreur ou la suppression de l’image déformée de la carte du Maroc avant qu’elle ne soit exploitée par des parties hostiles à notre pays. Car placée ainsi à l’horizontal, elle consacre une image tronquée de la carte d’Afrique du Nord.