Diplomate «expérimenté» qui a été à la tête de la diplomatie algérienne de 2013 à 2017, puis depuis 2021, plusieurs fois ambassadeur, médiateur dans plusieurs conflits africains, notamment au Liberia, sous les auspices de l’ONU et de l’Union africaine (UA), Ramtane Lamamra ne parvient pas à soulever la diplomatie algérienne de sa torpeur, laquelle achève de se consumer dans l’anarchie. Ses accidents de la route sont devenus nombreux.
L’Algérien Ramtane Lamamra pressenti comme prochain émissaire de l’ONU en Libye ? Raté. Le veto américain opposé à la candidature du septuagénaire au poste de chef de la médiation des Nations unies sur la Libye n’était pas gratuit. Le retour chaotique de ce «diplomate de haut vol», déjà chargé de la politique extérieure sous le président Abdelaziz Bouteflika, «vétéran des chancelleries et de la diplomatie multilatérale» et «fin connaisseur des arcanes des affaires internationales» ne cesse d’interpeller. Cependant, sur ce sol tourmenté, les mœurs diplomatiques algériennes ont tracé de grandes avenues uniformes qui donnent une fausse impression de stabilité. Lamamra, qui voulait faire figure en Europe et en Afrique, n’incarne désormais que la dissimulation, les manières dégagées, la méfiance, la petite mine facile à déconcerter, le sourire confit en réticences, les demi-mots, l’allure à la fois discrète et effacée.
Avec Lamamra, si l’on s’écarte un peu à droite et à gauche, on risque de tomber dans une fondrière ou de s’égarer dans les broussailles des lendemains désagréables. Le premier ministre irakien sort indemne d’une tentative d’assassinat aux drones (7/11), Le conflit entre le gouvernement éthiopien et le Front populaire de libération du Tigré s’intensifie (5/11), La ministre des Affaires étrangères libyenne suspendue (6/11), la Tunisie écartée du «sommet pour la démocratie» virtuel de Joe Biden (5,11), etc. Un twitto a pris un malin plaisir à énumérer les événements malheureux survenus depuis le retour de Lamamra aux commandes.
Lamamra – ministre algérien des affaires étrangères (2013-2017), puis en 2021, et ancien ambassadeur d’Alger auprès des Nations unies (1993-1996) et à Washington (1996-1999) – présente un profil qui a accumulé beaucoup d’échecs. Fin août, Alger a ainsi décidé de rompre ses relations diplomatiques avec Rabat avant de fermer, un mois plus tard, son espace aérien à tous les avions marocains. Les liaisons par avion entre Casablanca et Alger étant déjà suspendues en raison de la pandémie de Covid-19, la décision n’a affecté que très peu le trafic aérien. Le contrat lié au gazoduc Maghreb-Europe (GME), qui relie depuis 1996 les gisements algériens à l’Europe via le Maroc et qui arrive à expiration fin octobre, a été suspendu, entraînant une colère européenne contre le chantage à gaz algérien.