Les maux de l’économie algérienne sont nombreux : assèchement des réserves de change, aggravation du déficit budgétaire et de la balance des paiements, une forte dévaluation du dinar et une poussée inflationniste. L’agence Algérie Presse-Service préfère le déni.
Des réformes sont urgentes en Algérie pour diversifier une économie dépendante aux hydrocarbures et réduire les affres d’une crise économique qui prend de l’ampleur. Dans son dernier rapport de suivi de la situation économique de l’Algérie, la Banque mondiale «a fait de sombres prévisions à terme pour les principaux indicateurs économiques du pays, à cause de la lenteur de la mise en œuvre des réformes», écrit le site TSA. L’Algérie, qui tire l’essentiel de ses revenus du pétrole, a subi de plein fouet la dégringolade des cours depuis 2014.
Remonté, l’APS a déclaré que la Banque mondiale «s’en est pris de manière maladroite et gratuite à l’Algérie où elle prédit un séisme économique, compte tenu, croit-elle savoir, de la vulnérabilité du pays en termes d’exportations.» La Banque mondiale a noté qu’en dehors des hydrocarbures, la reprise de l’économie algérienne s’est «essoufflée», et demeure «largement incomplète», tandis que les «risques inflationnistes se concrétisent». «L’inflation s’est nettement accélérée en 2021» et «détériore les conditions de vie».
Sans reprendre les éléments du rapport de la Banque mondiale, l’APS a commis un plaidoyer, un acte d’accusation, un libelle. «Pis encore, la BM évoque la pauvreté en Algérie, au moment où elle passe sous silence la situation de précarité alarmante voire dangereuse et suicidaire sévissant dans un pays voisin de l’ouest de l’Algérie», écrit l’APS dans un commentaire hilarant à l’égard du Maroc.
Les institutions internationales s’évertuent en vain à le déclin de l’économie algérienne dont elles sont témoins. L’APS, donnant une part trop grande au mensonge, au caprice ou à l’arbitraire, préfère tout nier. L’agence part plus loin et affirme que la Banque mondiale «perd tout ce qu’il lui reste de crédibilité. Et pour cause, elle pond des rapports fallacieux qui obéissent à un agenda au service des lobbies qui n’ont jamais cessé d’instrumentaliser des campagnes hostiles à l’Algérie, dont l’objectif est d’attenter à un État stable qui veille à sa souveraineté politique et économique.»
«Manifestement, il y a un complot visant à nuire à la stabilité du pays à travers ce genre de rapports négatifs et nuisibles, fondés sur des indicateurs et des arguments non sources, publiés par des influenceurs et des anonymes sur les réseaux sociaux, sachant que ces derniers sont financés et parrainés par des parties n’hésitant pas à déverser toute leur haine sur l’Algérie, l’objectif étant de fausser l’opinion publique», note sérieusement l’APS.
Les analystes, plus lucides, estiment insuffisantes les coupes budgétaires et la «politique monétaire expansionniste, qui alimente l’inflation et permet seulement au gouvernement de gagner du temps sans s’attaquer aux problèmes de fond». «À terme, l’Algérie ne pourra pas se contenter d’apporter de petits ajustements techniques à sa politique économique», comme l’a indiqué le centre d’analyses International Crisis Group (ICG), jugeant inévitable une renégociation du «contrat social implicite» dans le pays, «à savoir que l’État pourvoit aux besoins d’une population tenue de s’exécuter».
L’APS, qui n’en est pas à une divagation près, soutient que le rapport de la Banquie mondiale vise «à ternir l’image de l’Algérie et de semer le doute parmi les Algériens, notamment après les images d’union et de communion que le pays a vécu récemment après la consécration de l’équipe nationale de football en coupe arabe-FIFA.»
On l’a dit souvent, le délire de l’APS ne chôme jamais ; les forces aveuglées qui l’animent accomplissent sans cesse le mystérieux travail qui transforme toutes choses en complots. Ce malsain laboratoire, abandonné à lui-même, entraîne l’opinion publique algérienne vers l’inconnu, dont l’obscurité cache tant de périls. L’Algérie est en face de problèmes économiques et financiers d’un ordre de gravité inconnu jusqu’à ce jour. Les institutions du pays sont troublées jusque dans les fondements mêmes de leur existence par les questions angoissantes qui se posent au sujet de l’équilibre budgétaire de l’Algérie.