Pour gérer l’épidémie, certains pays ont instauré des régimes d’exception qui dérogent à l’ordre constitutionnel en limitant le jeu normal des contrepouvoirs. Au Maroc, il s’agissait d’organiser la période d’expansion de l’épidémie en limitant la casse et en préservant un certain nombre de libertés.
La pandémie n’avait pas uniquement qu’une dimension médicale. Elle incluait une dimension économique, sociale, politique et culturelle qui contribue également à orienter les choix conduisant à l’élaboration d’une politique sanitaire pour limiter les dangers publics.
Le rapport américain relatif aux droits de l’homme pour l’année 2020, établi sur la base d’une compilation de diverses informations émanant notamment d’organisations non gouvernementales, note certains points relatifs aux libertés publiques et civiles au Maroc. S’agissant du procès de certains journalistes mis en cause par la loi, le rapport américain écrit que «le code de la presse s’applique uniquement aux journalistes accrédites par le département de la communication, relevant du ministère de la culture, de la jeunesse et des sports» et que selon le rapport Freedom House au titre de l’année 2020, «la presse jouissait d’une grande liberté lors de la présentation de rapports sur les politiques».
Le 23 mars 2020, le Parlement «a adopté une loi déclarant l’état d’urgence sanitaire et fixant une peine de trois mois de prison pour quiconque désobéit aux ordres et décisions prises par les autorités publiques».
Le rapport rappelle des faits mineurs, comme l’arrestation d’une complotiste qui niait l’existence du coronavirus ou encore l’interpellation du salafiste Abou Naïm qui, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux, lavait sévèrement critiqué le gouvernement marocain à la suite de la décision du Conseil supérieur des ouléma de fermer les mosquées. À cette période, le pays comptait une quarantaine de personnes testées positives au Covid-19, mais le prédicateur radical, qui qualifiait cette décision d’« illégale du point de vue de la charia », estimait que « les conditions nécessaires à une telle mesure ne sont pas remplies ». Il a été arrêté par les autorités après cette sortie. D’autres personnes ont été arrêtées pour des délits communs et le Maroc réfute toute mise en accusation «à la carte».
Le rapport américain note aussi que le Code de la presse limite les sanctions pour les journalistes accrédités a des amendes, et cite le cas de deux directeurs de publication de sites web d’information qui ont été traduits devant le parquet de Mohammedia pour avoir prétendument publié de «fausses nouvelles» sur la Covid-19, alors que cinq autres personnes ont été arrêtées pour avoir partagé les mêmes informations via Facebook.
«En mars 2020, des ONG internationales ont attiré l’attention sur la suspension par le gouvernement de l’impression des journaux pendant l’épidémie du Covid-19, pour réduire la propagation du virus» mentionne encore le rapport, notant que la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a poursuivi plusieurs personnes pour «incitation collective à la désobéissance» aux mesures de confinement.






