Le président israélien Isaac Herzog s’est rendu le 9 mars en Turquie pour la première visite d’un chef d’État israélien à Ankara depuis 2007, avec pour objectif de réchauffer des relations bilatérales. Une visite qui a outré la frange pro-turque, qui s’est engluée dans des explications embarrassées.
En Algérie, le choc. Recep Tayyip Erdogan qui «ouvre un nouveau chapitre» dans ses rapports avec Israël. Mi-novembre, a-t-il affirmé, il s’était entretenu avec son homologue israélien et le premier ministre de l’État hébreu, Naftali Bennett -le premier entretien entre un premier ministre israélien et le président turc depuis 2013. Depuis l’annonce de cette visite, la classe politique algérienne, toutes tendances confondues, au lieu de sombrer dans un redoublement de plaintes et de reproches comme elle l’a fait avec le voisin marocain, a préféré rester silencieuse. Sur les réseaux sociaux, de très nombreux internautes et sites proche des cercles du pouvoir ont observé des positions embarrassées, à l’exception des militants hostiles au régime.
Selon des responsables israéliens, Isaac Herzog et Recep Tayyip Erdogan ont discuté de la possibilité d’exporter du gaz israélien vers l’Europe via la Turquie, une question au centre de l’actualité alors que les Européens cherchent à contrôler leur dépendance au gaz russe.
Les internautes algériens ont critiqué «le silence des généraux algériens face à la visite d’un président israélien à un pays musulman», alors que «l’Algérie s’est acharnée contre le Maroc», à la suite de sa reprise des relations avec Israël. Pour rappel, à titre d’exemple, la visite du ministre israélien de la Défense Benny Gantz au Maroc le 25 novembre 2021, où il a signé un accord de coopération sécuritaire, a suscité des commentaires outrés des médias algériens proche du régime.
Les internautes sympathisants du Hirak ont fustigé le journaliste Jamal Rayyan pour sa position «neutre et feutrée» vis-à-vis de la Turquie, qu’il a justifiée par «un héritage historique turque» et par les actes «honorables» du président Erdogan envers la Palestine. Pour eux, cette explication hasardeuse est un symptôme malheureusement trop évident de la faiblesse des arguments de ceux qui prétendent défendre la Palestine.
Par ailleurs, d’autres comptes «antirégime» ont mis en avant «l’efficacité fallacieuse» de la «force de frappe» algérienne, qui «n’a relayé aucun communiqué officiel concernant cette affaire», tout en appelant l’Algérie à adopter une «position claire et définitive face à la normalisation des relations avec Israël». Au milieu de ces nouvelles complications pour le régime, qui gère une scène intérieure chaotique, les opposants au régime regrettent de voir le pays livré à une politique indécise sur la question d’Israël, de constater que l’opinion du pays est sans direction, abandonnée à elle-même, flottant au hasard, selon les caprices de la volonté des généraux vieillissants. Ils se plaignent aussi de la décadence et de l’épuisement du pouvoir qui n’a plus de cartouches à utiliser contre le Maroc. Le régime algérien assiste comme témoin au triste spectacle qu’il donne de ses propres errements politiques, voit sa politique s’abaisser au-dehors, s’annuler au-dedans, ses initiatives désavouées et ses convictions perdre de leur poids.
Les internautes algériens se sont également attardés sur les propos subversifs du très controversé Hafid Derradji, qui a pris «la défense de la Turquie», en avançant qu’il ne s’agit pas d’un «pays arabe», ce qui l’exclut du cercle des «défendeurs de la cause palestinienne». Ainsi, les internautes ont souligné «l’hypocrisie» de Derradji, en dressant un parallèle entre «ses propos émis lors de la visite du ministre de la défense israélien au Maroc» et «son attitude récente», tout en le traitant de «mercenaire» qui vend la cause au plus «grand enchérisseur».
Plus consternant encore, alors qu’Israël élargit ses alliances, l’Algérie a récemment refusé l’accès de l’État hébreu au statut d’observateur de l’Union Africaine lors du dernier sommet qui a eu lieu 5 février. Malgré une longue liste de thèmes à aborder, comme la pandémie de Covid-19 et les récents coups d’État sur le continent, la question d’Israël a été imposée durant ce sommet qui a marqué le 20e anniversaire de la fondation de l’UA. En vain, Alger et Pretoria ont échoué dans leurs desseins. Sommes-nous les seuls à répéter sans cesse que le pouvoir en Algérie s’amoindrit, que l’autorité diminue, que le gouvernement s’en va ? Maintenant même ses arguments supposés historiques à l’égard de la Palestine s’effondrent.