Le propos est incisif, se contente de jeter l’anathème sans argumenter. Le député PJD, Reda Bougmazi, dans une publication sur sa page Facebook, a prétendu que Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), a exigé d’obtenir sa déprogrammation d’une rencontre-débat sur l’IVG pour qu’elle y participe. Mensonge éhonté.
La Faculté de médecine dentaire (UM6SS) a organisé, le 16 octobre, une rencontre-débat sur la question de l’avortement, son interdiction, et sa place dans la morale publique et par conséquent, le droit. Un événement qui a mis en scène des personnalités du monde politique mais aussi des acteurs de la société civile, à l’instar de la réalisatrice Sonia Terrab, du chercheur indépendant en anthropologie et consultant en sociologie Rachid Achachi, la secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU) Nabila Mounib, le secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS) Nabil Benabdellah, Reda Bougmazi, le parlementaire du Parti justice et développement (PJD), entre autres, avec une assemblée de quelques centaines de personnes.
Reda Bougmazi, dans une publication sur le réseau Facebook qui sombre dans les pseudo-équivalences moralisatrices, se targue d’avoir été «instamment sollicité» par les organisateurs de cet événement et qu’il a accepté d’y prendre part «malgré son calendrier serré». Il prétend que Mme Nabila Mounib a posé comme condition de se joindre aux intervenants, l’éviction du député islamiste. «Mme Nabila Mounib a refusé de prendre place sur l’estrade à côté moi pour débattre sur la question de l’avortement. Cette stratégie de mise en défaut des participations de membres du PJD au débat remet en cause les discours de Mme Mounib, qui réduit encore trop souvent à la portion congrue la place dévolue à la pluralité des opinions.»
Alors, querelle idéologique qui implique les libertés de pensée et d’expression ou simple opération d’enfumage ? Le bureau des étudiants de l’université Mohammed VI des sciences de la santé a dénoncé une dénaturation cynique de la vérité : «Nul intervenant n’a conditionné sa présence à l’exclusion d’un des invités prévus», a-t-il indiqué.
Dans les faits, en raison de considérations de protocole, de logistique, de la multiplicité des différents énonciateurs (intervenants et modérateur), la mise en résonance entre eux dans la tenue de ce débat a poussé les organisateurs à le diviser en deux parties. La première partie consacrée à des personnalités politiques de premier plan (Nabila Mounib, secrétaire générale du Parti socialiste unifié (PSU), Nabil Benabdellah, secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme (PPS) et Driss Lachgar, Premier secrétaire de l’USFP, entre autres). Et la deuxième partie du débat réunira des députés de toutes les sensibilités pour aborder la dépénalisation de l’avortement et les pratiques qui accompagnent une transformation des modalités de constitution de la famille. Selon les indiscrétions, Reda Bougmazi a rejeté cette structure du déroulement de la rencontre, exigeant d’intervenir durant la première partie du débat.
Des internautes, ce 17 octobre, ont démasqué la supercherie du député. En effet, il a pris part, dans la soirée du mercredi 16 octobre, à une émission de plateau sur la deuxième chaîne 2M, où prennent place des invités qui débattent d’un sujet prédéfini. Selon eux, il a accepté, il y a trois semaines, de faire partie des protagonistes de l’épisode d’hier. Cette anecdote, consternante révèle que ce mensonge a été servi pour conforter des petits arrangements avec la vérité, et diaboliser la pensée de l’autre, en l’occurence ici, madame Mounib.






