Les mesures prises par les banques pour atténuer l’impact du covid-19 sur les entreprises permettront en principe de garantir le remboursement à court terme des crédits par les entreprises. Elles interviennent suite à un risque de défaillance des entreprises dû à la crise sanitaire du coronavirus.
Le Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) a annoncé, le 28 mars, l’opérationnalisation dès lundi dernier des mesures prises par les banques pour le soutien et l’appui aux ménages et aux entreprises directement touchés par les conséquences du covid-19.
Pour les ménages et les entreprises directement impactés par le covid-19, le GPBM annonce qu’il est possible de demander le report des échéances des crédits amortissables et de leasing de mars au 30 juin sans frais ni pénalités de retard. De plus, les entreprises peuvent bénéficier de lignes de crédit additionnelles de fonctionnement couvrant jusqu’à 3 mois de dépenses courantes et dans les conditions du produit Damane Oxygène garanti par la CCG.
Toutefois, plusieurs entrepreneurs et particuliers affirment que certaines banques ont augmenté leurs marges et la tarification des emprunts et ont décidé de refondre leur appréciation des risques. « Les mesures énoncées par le GPBM sont construites, dans leurs principes, pour répondre à la situation et ainsi accompagner notre tissu d’entreprise à traverser cette crise exceptionnelle. Toutefois, nous observons des écarts et des situations en décalage avec ces principes », avait affirmé précédemment Chakib Alj, président de la CGEM, dans une lettre adressée au GPBM.
D’après plusieurs entrepreneurs, le montant du report des échéances de crédits est étalé avec des intérêts sur toutes les mensualités qui restent à payer. D’ailleurs, certaines entreprises ont même reçu des avenants pour demande de différé de 3 mois avec un coût annuel de 5,3% sachant qu’elles se sont précédemment adressées à leurs banques leur expliquant ainsi leur baisse d’activité de plus de 50% à cause de la pandémie.
En outre, des particuliers soulignent que leur crédit a été débité même s’ils ont envoyé des demandes écrites aux banques demandant un rééchelonnement. Certaines banques affirment qu’elles ont effectué des prélèvements qui ont concerné uniquement les clients qui ont reçu leurs salaires ce mois. Et ce, même ces derniers ont signé des demandes de report du paiement. Aujourd’hui, plusieurs clients de banques tirent un cri d’alarme unanime. Ils indiquent que contrairement à ce qui a été annoncé par les banques, le rééchelonnement de crédit, suite à la crise du coronavirus, n’est pas gratuit. En effet, les banques acceptent un rééchelonnement de crédit de 3 mois, mais avec maintien de la même durée et une augmentation de l’échéance.
Il est aussi question de la formulation du document sur les principales mesures proposées par les banques pour soutenir les ménages et les entreprises en difficulté ainsi que la demande de suspension des échéances de crédit fournie par les banques à leurs clients. S’agissant du document sur les principales mesures proposées par les banques pour soutenir les ménages et les entreprises en difficulté, le document ne mentionne ni la date de son entrée en vigueur ni la période couverte par les mesures qui y sont proposées.
Quant à la demande de suspension des échéances de crédit fournie par les banques à leurs clients, plusieurs clients, ainsi que l’Ordre des avocats de Casablanca, constatent une discordance entre la version arabe et la version française de la demande. La terminologie utilisée dans les deux versions n’est pas la même aussi bien au niveau de l’objet de la demande, que dans le corps du texte. La version française évoque « la suspension des échéances » alors que la version arabe fait référence au report تأجيل استحقاقات قرض. Cette différence de terminologie pourrait donner lieu à des contradictions et interprétations de ces demandes et à des écarts dans leur application.
Pour rappel, les banques se sont engagées à accorder à tous leurs clients qui le demandent par écrit le report du règlement des échéances amortissables [NDLR : crédits immobiliers et crédits à la consommation], pour une période de 3 mois, renouvelable une fois pour une durée similaire. Et pour permettre aux entreprises de faire face à la chute de leur chiffre d’affaires et à la baisse de leurs encaissements, les banques ont annoncé qu’elles accorderont la prorogation d’opérations en cours : Credocs, refinancements devises ou spots, en gardant une visibilité sur la capacité des entreprises à couvrir ces opérations au terme de leurs nouvelles échéances.



