Les partis politiques participant aux élections marocaines ont élaboré des programmes qui prennent en compte les répercussions imposées par la propagation de la Covid-19, pour le but de répondre aux aspirations des citoyens et de récolter des voix.
L’économie, l’emploi, l’éducation et la santé sont les axes les plus importants sur lesquels reposent les programmes électoraux des partis, parmi une liste d’engagements à mettre en œuvre au cours des cinq prochaines années, avec l’horizon de surmonter les effets négatifs de la pandémie.
31 partis sont en lice pour les élections législatives, communales et régionales, qui sont organisées ce 8 septembre, lesquelles auront lieu à la lumière de l’escalade des indicateurs d’infections de la pandémie, et d’un taux de chômage élevé à 12,5 % au cours du premier trimestre de cette année.
Les observateurs estiment que malgré les différents programmes électoraux se partagent dans une large mesure les mêmes objectifs et portent des perceptions et des propositions plus réalistes par rapport aux années précédentes.
Le professeur de sciences politiques et de droit constitutionnel, Mohamed Zinedine, affirme que les partis politiques «sont devenus plus réalistes aujourd’hui dans la préparation de leurs programmes électoraux, en fixant des objectifs clairs avec des données précises étayées par des chiffres, s’efforçant également à orienter leurs discours vers des cibles sociales précises.»
Le chercheur a estimé qu’un certain nombre de grands partis se sont concentrés dans la préparation de leurs programmes sur «les préoccupations quotidiennes des citoyens, telles que l’emploi, la santé et l’éducation, ce qui leur permettra d’attirer d’importantes voix d’électeurs, en particulier la classe moyenne, les femmes et les jeunes.» Pour lui, «les partis ont invoqué, à travers leurs programmes, la dimension économique et sociale, mais ils n’ont pas réussi à donner une vision claire sur la concrétisation des grands projets de développement, en plus de ne pas élaborer un plan qui conduise à la reprise de l’économie nationale.»
M. Zinedine a souligné la «nette différence entre le discours politique des élections en cours, et ceux menés en 2011, au cours desquels les partis politiques avaient adopté des slogans retentissants, au premier rang desquels la lutte contre la corruption».
Les partis en lice pour ces élections, qui sont considérées comme les troisièmes après l’adoption de la constitution de 2011, ont lancé des programmes électoraux comprenant un ensemble d’engagements dont l’objectif principal était d’améliorer le niveau de vie des citoyens à différents niveaux.
Le parti «Rassemblement national des indépendants» (membre de la coalition gouvernementale) a promis dans son programme de créer un million d’emplois directs afin de relancer l’économie après la crise de la Covid-19.
Le parti a également promis, à travers son programme, qui comportait cinq engagements d’allouer 1 000 dirhams (100 dollars) par mois au profit des personnes nécessiteuses âgées de 65 ans et plus, en plus de bénéficier de assurance maladie gratuite.
Le PPS (opposition), a placé parmi ses priorités l’achèvement et l’amélioration de la réforme des retraites, la promotion d’une politique appropriée relative aux retraites, faisant de l’emploi un objectif premier du développement, en plus de promouvoir la numérisation de l’économie, lutter contre la corruption, élargir le champ des libertés et des droits.
Quant à l’Istiqlal (opposition), il a élaboré un programme fondé sur 14 objectifs, dont réduire le taux de chômage à moins de 9 %, œuvrer à l’expansion de la classe moyenne et augmenter son pouvoir d’achat de plus de 20 %.
Alors que le PJD (le leader de la coalition gouvernementale) s’est engagé, à travers son programme, à augmenter le budget de l’éducation de 5% par an, et le budget de la santé de 6 % par an, et la généralisation de la couverture sociale pour tous les citoyens à l’horizon de 2025.
De son côté, le parti Mouvement populaire participant au gouvernement a inscrit parmi ses priorités l’investissement dans le système de santé, la promotion du monde rural, la réduction des disparités spatiales, la lutte contre le chômage, la valorisation de l’identité amazighe, et l’accélération du rythme de sa démarcation, comme et prêter attention aux problèmes des personnes handicapées.
Malgré le caractère réaliste des programmes électoraux et leur diversité, notamment en ce qui concerne la relance de l’économie et l’élimination des effets de la pandémie, les observateurs estiment que la plupart d’entre eux restent «non applicables sur le terrain, compte tenu de l’alliance des partis et de la mariage de leurs programmes électoraux, et lors de la formation du gouvernement.»
M. Zinedine a affirmé que «l’absence d’une vision commune entre les partis formant le gouvernement dans la conduite des affaires publiques est la principale raison qui entrave le processus de mise en œuvre des programmes électoraux». De son côté, le professeur d’économie à l’université Mohammed V de Rabat, Mohamed El Kettani, estime que «les programmes électoraux des partis restent de encre sur papier, ce qui a été confirmé par les expériences électorales précédentes». L’expert économique souligne que «la plupart des partis négligent d’identifier comment ils financeront la mise en œuvre de leurs programmes». Il souligne «l’importance de détailler les sources de financement des programmes électoraux des partis, et de ne pas recourir à l’emprunt, surtout dans les circonstances actuelles».