Emmanuel Macron a qualifié, le 28 février, ses relations personnelles avec le roi Mohammed VI d’«amicales» et «bonnes». Une interprétation un peu personnelle que Rabat ne partage pas. «Ma volonté est vraiment d’avancer avec le Maroc. Le roi le sait, nous avons eu plusieurs discussions, il y a des relations personnelles qui sont amicales», a souligné le président français hier, des mots qui ne reflètent pas la réalité.
Jeune Afrique, le mensuel panafricain, a interrogé une source officielle au sein du gouvernement marocain : «Les relations ne sont ni amicales ni bonnes, pas plus entre les deux gouvernements qu’entre le Palais royal et l’Élysée». Selon cette source, les points de divergence mentionnées par Macron «ne sont que l’illustration de cette situation. D’autres points de tension ont été volontairement occultés, notamment la restriction arbitraire des visas, la campagne médiatique et le harcèlement judiciaire».
La même source gouvernementale ajoute à Jeune Afrique que «l’implication des médias et de certains milieux français dans la genèse et la promotion de l’affaire Pegasus ne pouvait pas se faire sans une implication des autorités françaises. Tout comme le vote du Parlement européen ne pouvait pas passer sans la mobilisation active du groupe Renew dominé par la majorité présidentielle française et présidé par Stéphane Séjourné dont les liens avec l’Élysée sont de notoriété publique». Ces deux affaires «participent d’une offensive dont l’objectif est d’avoir un ascendant sur le Maroc et de contenir ses choix internes et de politique étrangère».
Résumer le Maghreb à sa diaspora en France incarne la vue courte de Macron, à en croire les sources officielles marocaines («si le Maghreb est une réalité géopolitique aujourd’hui, c’est sans doute en France qu’elle se précipite, beaucoup plus que dans la région»), propos jugés «aussi durs qu’inutiles».
Plus saisissant encore, Emmanuel Macron s’est également dit «profondément préoccupé» par «les allégations» infondées qui citent le Maroc dans la crise que traverse le Parlement européen, sans se prononcer sur le rôle suspect et dégradant de son cercle rapproché dans le pourrissement des relations entre les deux pays, et qui date depuis son accession à la magistrature suprême, en 2017.