Une période de tiraillements internes au sein de l’équipe gouvernementale pourrait avoir lieu, principalement en raison des désaccords sur le partage des responsabilités.
Plusieurs ministres, après le remaniement annoncé en milieu de semaine, redoutent de voir leur «influence» marginalisée, surtout à l’approche de l’échéance de 2025, envisagée comme un tournant pour plusieurs projets stratégiques. Des divergences sur le transfert des compétences et des attributions entre les nouvelles composantes du gouvernement pourrait troubler «l’harmonie», tant vantée par Aziz Akhannouch.
«Plusieurs ministres de la majorité ne comptent pas renoncer aux larges prérogatives et à la puissance de décision avec laquelle ils interviennent dans les secteurs clés de l’État», selon des sources notant que le ministre de l’économie, des finances et de la réforme de l’administration ainsi que le ministre de l’équipement et de l’habitat, se trouvent à la tête des ministères stratégiques où les domaines d’autorité seront soumis à des tiraillements futurs. «Peu de ministres voient d’un bon œil les intentions de grignoter leurs prérogatives au profit des secrétaires d’État, alors que leur action déjà fragilisée par une conjoncture socio-économique difficile», a-t-on indiqué, puisqu’ils considèrent que «tout transfert risque de miner l’unité de l’exécutif et d’accentuer les divergences internes dans une coalition déjà contestée.»
Dans un contexte marqué par l’inflation et l’augmentation du coût de la vie, toute crise de gouvernance pourrait s’avérer périlleuse alors que la réponse de l’État face aux pressions économiques croissantes est tant attendue. Il y a un risque que «les politiques publiques deviennent incohérentes en raison d’un morcellement des compétences entre des acteurs aux intérêts divergents», a-t-on confessé. En cas d’impasse, un remaniement ministériel, voire à une refonte de la coalition n’est pas impossible.
Surtout, le scrutin de 2026 est dans le viseur et, avec lui, des chantiers majeur : élargissement de l’assurance-maladie obligatoire, aide au logement, augmentation des salaires, réforme de l’école publique, maîtrise de l’inflation, réduction du déficit budgétaire, etc. Les 120 députés de l’opposition, sur un total de 395, peinent à faire entendre leur voix, leurs protestations s’incarnent depuis peu par des lettres ouvertes fulminates adressées au chef du gouvernement, soit pour pointer les 160 000 emplois nets perdus en 2023, auxquels s’ajoutent les plus de 22 000 détruits en 2022, soit pour mettre en avant la très préoccupante situation de 1,5 million de jeunes, âgés entre 15 et 24 ans et qui n’ont ni emploi, ni études, ni formation. Le sort des milieux ruraux, avec la sécheresse persistante, soulève également de nombreuses interrogations.
Les ministres proches d’Aziz Akhannouch veulent garder la main sur les grands chantiers : les installations prévues pour la Coupe du monde de football en 2030; l’autoroute électrique entre Dakhla, au Sahara et Casablanca ; les lignes à grande vitesse ; les infrastructures hydrauliques ; les hôpitaux, les gazoducs… Autant de projets qui, sûrement, seront mis en avant lors de la prochaine campagne électorale, prévue dans moins de deux ans.