La question du Sahara a occupé une place prépondérante dans les échanges. La posture congolaise sur ce sujet, encore prudente, pourrait évoluer à la faveur d’une visite officielle du président Sassou Nguesso au Maroc, prévue en 2025.
Le président congolais Denis Sassou-Nguesso a accueilli le chef de la diplomatie marocaine Nasser Bourita, lors d’une réunion officielle dans la capitale congolaise. Ce déplacement, marqué par la présence de Yassine Mansouri, directeur général des études et de la documentation (DGED, renseignement extérieur marocain), intervient «dans un contexte de rivalité intense entre Rabat et Alger pour s’imposer en Afrique centrale», à en croire les milieux diplomatiques.
Une coopération bilatérale renforcée
L’un des points marquants de cette visite, narre Jeune Afrique, a été l’installation officielle de Najoua El Berrak en tant qu’ambassadrice du Maroc au Congo, un poste demeuré vacant pendant plusieurs années. Cette nomination est perçue comme un signal fort d’une volonté de revitaliser les relations entre les deux pays. La relance de la commission mixte bilatérale a également été au centre des discussions avec pour objectif d’intensifier les projets conjoints dans des secteurs clés, tels que les infrastructures, les énergies renouvelables et la lutte contre le changement climatique.
Sur le plan environnemental, le Maroc a réitéré son engagement en faveur du Fonds bleu pour le Bassin du Congo, un dispositif essentiel à la préservation de ce patrimoine écologique majeur. Ce partenariat reflète la volonté des deux nations de collaborer sur des enjeux d’intérêt commun tout en contribuant au développement durable de la région.
Le Sahara, pierre angulaire de la diplomatie marocaine
La question du Sahara a occupé une place centrale dans les échanges. Si le Congo n’accorde aucune légitimité au Polisario, il n’a pas encore exprimé un soutien clair à l’initiative marocaine d’autonomie. Le chef des renseignements marocains Yassine Mansouri a discrètement mené des consultations parallèles, témoignant de l’importance cruciale de ce dossier pour le royaume. Selon des sources proches de la réunion citée par Jeune Afrique, une visite officielle du président Sassou-Nguesso au Maroc est envisagée cette année.
Pour rappel, M. Mansouri a présenté, en 2007, les grandes lignes de la proposition d’autonomie marocaine devant M. Sassou-Nguessou, expliquant qu’il s’agit «d’une initiative qui résulte de larges concertations démocratiques, participatives et transparentes au niveau national et local.» Le haut responsable marocain a ajouté que ce projet «a été élaboré avec la participation des différentes instances politiques et composantes des populations des provinces du Sud et s’inscrit dans le cadre du projet de société démocratique et moderniste initié par le roi Mohammed VI.» M. Mansouri a également rappelé que la proposition d’autonomie «est conforme à la légalité internationale et aux normes internationales dans ce domaine, dans le respect de la souveraineté de Rabat et de son intégrité territoriale.»
M. Mansouri a mentionné également que «le Maroc a pris l’initiative d’élaborer ce projet qui vise à instaurer un dialogue ouvert et constructif avec les autres parties en vue de trouver une solution consensuelle à ce différend artificiel [sur le Sahara] et d’assurer la paix et la stabilité dans la région après que les précédentes propositions se sont avérées inapplicables.» La proposition marocaine, a assuré M. Mansouri, «est en parfaite harmonie avec les nombreux appels lancés par le Conseil de sécurité en faveur de la recherche d’une solution politique juste, durable et acceptée par les parties.» Fait notable, M. Sassou-Nguessou a remercié le roi Mohammed VI de l’avoir inclus «dans le processus de consultations internationales engagées par Rabat.»
L’Union africaine en toile de fond
Au-delà des relations bilatérales, cette rencontre a permis d’aborder les élections à venir pour la vice-présidence de la Commission de l’Union africaine, prévues à Addis-Abeba fin janvier. Latifa Akharbach, candidate marocaine et ancienne ministre, affrontera Selma Malika Haddadi, soutenue par Alger. Ce scrutin «s’inscrit dans une rivalité plus large entre les deux pays pour étendre leur influence au sein des institutions africaines», a-t-on rapporté.