Les populations de l’ancienne médina de Casablanca ont exprimé leur inquiétude de voir leurs logements paupérisés s’effondrer à la suite du début des premières pluies saisonnières.
Les interventions sur les logements insalubres sont difficiles à mener en raison de la complexité des outils juridiques, de la protection de la propriété et des coûts de ces politiques. Les maisons construites en briques rouges avec des plafonds lambrissés, dont l’ancienneté remonte au début du XXᵉ siècle constituaient une menace pour la population. Les autorités administratives ont donc dû intervenir de toute urgence pour résoudre cette crise.
(M.N.), habitant de ce quartier âgé de 65 ans a révélé qu’il vivait ici «depuis des années» et qu’il connaissait le quartier «comme sa poche», alertant que toute «secousse violente pourrait ravager des dizaines de maisons qui s’effondreraient sur les têtes de leurs locataires». Il a, en outre, annoncé : «C’est trop, il y a péril en la demeure. Il nous est difficile d’occuper un autre logement, nous nous sommes habitués à vivre ici».
Pour sa part, (S.A.) 48 ans, a dévoilé que, chaque année, l’hiver est considéré comme «la saison de la mort». Et de faire savoir : «ma voisine et moi sommes dans une course contre le temps pour colmater ou réduire les éléments de dégradation tels que mur fissuré, humidité importante, présence de plomb.» Deux femmes qui ne peuvent exercer sur leur lieu de vie une certaine forme de contrôle, même illusoire. «Nous aimerions effectuer des travaux d’aménagement et de maintien, mais il n’y a personne pour nous délivrer un permis de construire, car le problème n’est pas aisé», a déclaré (S.A.), l’air dépité. «Le permis est difficile à obtenir. On nous empêche de réhabiliter nos maisons et on n’a nulle part où aller» s’étrangle-t-elle.
En chiffres, aujourd’hui plus de 600 familles de la vieille ville de Casablanca occupant des logements potentiellement précaires, s’attendent à être déplacées de leurs foyers actuels, menacés d’effondrement.
Selon des informations officielles de l’Agence de la ville de Casablanca, seules 3.100 des 9.250 familles occupant un habitat en péril avaient bénéficié d’un logement adéquat, représentant 34%. Un simple calcul montre que 6.150 familles sont toujours menacées car installées dans des immeubles dégradés qui pourraient s’effondrer à tout instant.
Pour qui s’est promené dans l’ancienne médina, il est toujours utile de constater ce qui paraît comme du désintérêt pour des éléments bâtis de nature patrimoniale, ainsi que la négligence qui a pu présider à la constructions de certains immeubles ou à leur entretien. Et pour qui a pu survoler quelque carte de l’état du bâti dans le centre ancien, il est alarmant de constater que les années passées, voire les décennies, n’en ont changé la teneur que de façon négative, le plus souvent.
Si la résorption de l’habitat insalubre fait consensus parmi les autorités publiques, leur volonté se heurte à plusieurs contraintes relatives aux difficultés d’actions et de coûts. Les procédures sont souvent longues, juridiquement complexes, et nécessitent de la part de la collectivité d’interminables démarches afin de reloger les locataires et d’avancer les fonds. Les sommes déployées peuvent ensuite être récupérées par le biais de mesures de recouvrement.