L’Algérie a, vigoureusement, rejeté des accusations formulées sous forme de «griefs et recommandations» concernant l’exercice des droits et des libertés dans le pays, émises par Clément Nyaletsossi Voule, expert onusien ayant visité Alger en septembre. Dans son rapport, celui-ci a appelé l’Algérie à «renoncer aux lois hostiles aux libertés» et l’a critiquée pour «l’emprisonnement d’activistes pour terrorisme en raison de leurs convictions politiques.»
L’ONU a également exprimé des préoccupations quant à un texte qui vise spécifiquement le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK, indépendantiste), interdit, et le mouvement conservateur Rachad, qui n’a pas d’existence officielle en Algérie, après des amendements apportés au code pénal en 2021, qui incluent la publication d’une liste de militants de ces deux mouvements, qualifiés de «terroristes», avec des mandats d’arrêt internationaux émis contre des dizaines d’entre eux.
«Les mouvements MAK et Rachad ont été classés comme organisations terroristes conformément à la loi, notamment le décret exécutif du 7 octobre 2021, qui fixe les modalités d’inscription et de radiation des personnes et entités terroristes de la liste nationale du terrorisme, et les conséquences qui en découlent, en tenant compte des conventions et dispositions internationales relatives aux critères d’inscription sur la liste noire du terrorisme», a argué le régime algérien, qui a également défendu les décisions prises à l’encontre de ces activistes, consistant en la confiscation de leurs biens et l’interdiction de voyager en précisant qu’il s’agissait de mesures temporaires.
Le rapport onusien a également abordé des observations concernant les «minorités religieuses» et la «liberté de pratiquer leurs cultes», mentionnées dans les observations du Togolais Clément Nyaletsossi Voule, rapporteur spécial des Nations unies sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association, qui avait mené une «mission sur les droits de l’homme» en Algérie. Les autorités algériennes ont botté en touche, prétendant que «le concept de minorité n’a aucun fondement juridique chez elles, car les législations algériennes n’y font aucune référence», après que le rapport onusien a critiqué les «restrictions imposées aux minorités religieuses en Algérie» ainsi que «des ordonnances administratives ou judiciaires de fermeture émises en raison du non-respect des normes d’urbanisme et des conditions de sécurité de ces établissements recevant du public.»
Dans son rapport, M. Voule a indiqué qu’il «qu’une sécurité durable pour le régime algérien ne peut être atteinte que si les droits fondamentaux sont respectés, en particulier ceux relatifs à la liberté de réunion pacifique et à la liberté de créer des associations.» Il a souligné que les autorités du pays «doivent considérer la société civile comme un partenaire apportant une valeur ajoutée, et non comme un adversaire et une source de menace.»