La mécanique de la répression enclenchée par Pékin contre les Ouïgours au Xinjiang semble ne pas concerner la plupart des pays musulmans et de larges pans de la communauté internationale.
Le footballeur d’Arsenal, Mesut Özil, a déclenché une tempête internationale lorsqu’il a critiqué le traitement réservé aux musulmans ouïghours par la Chine. «Les corans sont brûlés. Les mosquées sont fermées. Les écoles musulmanes sont interdites. Les érudits religieux sont tués un par un», a écrit le natif de Gelsenkirchen sur Twitter. «Malgré tout cela, les musulmans restent silencieux » a-t-il tonné. En conséquence, le joueur a «été retiré des versions chinoises du populaire jeu Pro Evolution Soccer (PES)» a fait savoir son distributeur, jeudi 19 décembre, ont déclaré plusieurs médias.
Les dirigeants musulmans ne sont pas les seuls à s’être abstenus de condamner l’internement de plus d’un million de musulmans ouïghours à Pékin dans des soi-disant camps de rééducation dans l’ouest de la Chine. Partout dans le monde, de nombreux pays se sont retenus de critiquer la Chine, craignant d’offenser les autorités chinoises et de subir les foudres de la puissance montante.
La Turquie est l’un des seuls pays à majorité musulmane à avoir critiqué la Chine. Le président Recep Tayyip Erdogan se présent comme un champion des musulmans opprimés à travers le monde. En février 2019, le ministère turc des Affaires étrangères a décrit le traitement réservé aux musulmans ouïghours par Pékin comme une « grande honte pour l’humanité » et appelé Pékin à fermer ses camps d’internement de masse.
Mais, depuis ces commentaires qui ont déclenché une crise latente avec Pékin, Ankara a été plus réticente. M. Erdogan, qui cherche à attirer des investissements étrangers en provenance du dragon asiatique, a attiré les critiques des militants ouïghours pour n’avoir pas soulevé publiquement la question lors de sa visite à Pékin en juillet.
De nombreux dirigeants arabes ont refusé de condamner le traitement réservé aux Ouïghours. Des voix fortes dans le Golfe, notamment en Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis, ont exprimé leur soutien aux agissements de Pékin. « La Chine a le droit de prendre des mesures (…) pour protéger sa sécurité nationale », a déclaré Mohammed bin Salman, prince héritier d’Arabie saoudite lors d’une visite en Chine selon les médias officiels locaux.
Le Qatar, initialement signataire d’une lettre de 37 pays soutenant les actions de la Chine, a retiré son nom en août. Le gouvernement affirme qu’il a désormais adopté une «position neutre». En décembre 2018, le ministre indonésien des Affaires étrangères a rencontré l’ambassadeur chinois pour discuter des «préoccupations des musulmans indonésiens au sujet du sort des musulmans ouïghours au Xinjiang». Par la suite, le gouvernement indonésien a déclaré qu’il ne souhaitait pas intervenir dans les affaires intérieures de la Chine.
Mahathir Mohamad, Premier ministre malaisien, a également refusé de critiquer la Chine sur sa politique au Xinjiang, soulignant plutôt la situation critique des Rohingyas, le groupe minoritaire musulman chassé du Myanmar après une répression militaire sans précédent.
Aux Philippines, qui compte une importante minorité musulmane et un gouvernement qui souhaite vivement resserrer ses liens économiques avec la Chine, le président Rodrigo Duterte a été plus franc. «Je ne peux pas combattre la Chine. Ce serait une guerre que je ne pourrai jamais gagner», a-t-il déclaré dans un discours à Moscou en octobre, selon des médias.
Bien que l’administration américaine de Donald Trump ait été sélective dans son approche des droits de l’homme, elle a fermement exprimé sa condamnation de la répression de la Chine contre les Ouïghours.
Mike Pompeo, secrétaire d’État américain, a rencontré des représentants de la communauté ouïghoure et des survivants des camps d’internement. En mars, il a appelé à la fin de la «répression» et à la libération de tous ceux qui avaient été «arbitrairement» détenus.
«Le monde ne peut pas se permettre l’hypocrisie honteuse de la Chine envers les musulmans», a-t-il écrit sur Twitter. En décembre, la Chambre a adopté un projet de loi appelant à des sanctions contre l’Empire du Milieu.
Le Canada a critiqué les actions de la Chine au Xinjiang. «Nous continuons d’appeler la Chine à respecter les droits de l’homme, à respecter le droit de manifester, à respecter la liberté d’expression, à cesser ses actions contre les minorités comme les Ouïghours dans l’ouest de la Chine», a déclaré le premier ministre Justin Trudeau lors d’un événement à Vancouver.
L’UE a déclaré que «la restriction des droits fondamentaux au Xinjiang est inacceptable» tandis que le président français Emmanuel Macron est resté muet sur la question. Angela Merkel, la chancelière allemande, a déclaré en novembre : «Bien sûr, nous devons critiquer lorsque nous entendons ces reportages sur les Ouïghours».






