Le procès pour corruption visant des personnalités de premier rang de l’ère de Bouteflika a repris dans une atmosphère tendue. Comparaissent anciens hauts dirigeants politiques et hommes d’affaires, accusé, notamment, de «dilapidation des deniers publics», d’«abus de fonction», de «corruption», et de blanchiment d’argent».
Le procès pour corruption d’éminents politiciens et magnats de l’industrie de l’ère de Bouteflika a repris débuté mercredi à Alger, les avocats de la défense ayant boycotté la procédure. Cinq anciens membres du gouvernement, à savoir trois ex-ministres de l’Industrie, Abdeslam Bouchouareb (en fuite), Bedda Mahdjoub (industrie et mines), Youcef Yousfi, qui lui a succédé à ce poste, et Abdelghani Zaalane (travaux publics et transports) ainsi que l’homme d’affaires et patron de Cima Motors Mahieddine Tahkout sont sur le banc des accusés.
Le procès est le premier résultat d’enquêtes approfondies sur des allégations de corruption lancées après la démission de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika face aux manifestations de masse en avril.
Les accusés font face à des accusations allant du blanchiment d’argent à l’abus de pouvoir et à l’octroi de privilèges indus dans l’industrie du montage de véhicules.
Le procès a été ajourné plusieurs fois et la défense a promis de boycotter les nouvelles audiences, dépeignant l’affaire comme «politisée» entachée par un climat de «règlement des comptes».
Le secteur automobile algérien, centre des enquêtes lancées a démarré en 2014, via des partenariats entre des groupes étrangers et de grandes entreprises algériennes, souvent détenues par des hommes d’affaires liés à l’entourage de Bouteflika.
Les hommes d’affaires jugés dans ce dossier sont accusés de favoriser certains constructeurs du secteur automobile – même s’ils ne répondaient pas aux exigences en vigueur – au détriment des concurrents. Abdelghani Zaalane, ex-ministre algérien des Travaux publics et ancien préfet, a été interrogé sur des accusations liées au financement «secret» des campagnes de Bouteflika.
L’ancien ministre a déclaré que, alors qu’il était directeur de campagne de Bouteflika pendant neuf jours en mars 2019, il était au courant des dons de cinq hommes d’affaires s’élevant à 750 millions de dinars (6,2 millions de dollars), bien au-dessus du plafond légal de dépenses de campagne.