L’historien Maati Mounjib estime qu’il se peut que le retour du Maroc au sein de l’Union Africaine (UA) ne soit pas immédiat, mais il est inévitable étant donné que le royaume œuvre patiemment depuis 1998 et avec une stratégie multidimensionnelle en vue d’une présence en Afrique et un retour à cette organisation dont il a été l’un des fondateurs.
Monjib était interrogé par l’agence espagnole EFE selon laquelle, le Maroc est non seulement le deuxième investisseur africain dans le continent (dans les secteurs bancaire, la télécommunication, les assurances ou la construction), mais est devenu en plus une référence en matière religieuse (avec la formation d’imams africains) dans un pays clé pour la sécurité dans la région du Sahel grâce à ses contacts excellents avec les pays européens dans la lutte antiterroriste.
Cependant, reconnait Mounjib, le poids évident du Maroc en Afrique de l’Ouest n’est pas aussi visible au sud du continent en particulier dans les pays anglophones, soulignant qu’il lui (le Maroc) faudra beaucoup de temps pour rompre l’axe Alger-Abuja-Pretoria qui domine, depuis des années, la diplomatie continentale et qui est viscéralement pro « Polisario ».
Selon Maati Mounjib, présenté par EFE comme étant historien spécialiste en questions africaines, Alger constitue l’os le plus dur à tordre, mais la situation de crise dans ce pays, en particulier l’état de santé de son président et la chute des prix des hydrocarbures, est en train d’être mise à profit par le Maroc pour déplacer le pion dans l’échiquier continental.
EFE se demande si le retour du Maroc aux instances panafricaines, même s’il est inévitable, suscite un doute fondamental : accepterait-il de s’asseoir aux côtés de la « RASD », son ennemi juré ? ou bien arrivera-t-il à la déloger de l’UA. La Charte de l’Union requiert une majorité simple de membres (article 29), ce qui semble garanti à en juger par les 28 pays, soit plus que la moitié des 54 pays membres, ayant signé la motion demandant la suspension de la « RASD », souligne EFE.
Et cette agence d’ajouter que dans tous les cas, le Maroc a compris que la politique de la chaise vide ne mène nulle part, et qu’il est plus utile pour ses intérêts d’entrer dans l’organisation panafricaine et pouvoir ainsi bloquer toute initiative qu’il considère hostile.
Pour Maati Mounjib, la nouvelle stratégie de rapprochement africaine du Maroc servira en plus pour compenser les mauvaises relations avec l’ONU et son Secrétaire général Ban ki-Moon, après l’expulsion du Sahara de la majorité du personnel civil de l’ONU.