Le tribunal correctionnel de Bastia (Corse) a rendu tard dans la nuit de jeudi à vendredi son verdict dans le procès impliquant une famille d’origine marocaine lors d’une rixe le 13 août dernier à Sisco (Corse). Des peines de six mois de prison avec sursis à deux ans fermes on été prononcées au terme de presque douze heures d’audience, qui se sont déroulées dans le calme.
Le principal prévenu, Mustapha Benhaddou, 33 ans, a été condamné à deux ans de prison ferme avec maintien en détention pour violence en réunion avec armes.
Deux villageois, le boulanger Lucien Straboni, 50 ans, et un employé municipal de 22 ans, Pierre Baldi, ont été condamnés respectivement à un an et à huit mois avec sursis. Absents à l’audience, car affirmant, selon leurs avocats, craindre pour leur sécurité, deux autres frères Benhaddou, Abdelillah, 38 ans, et Jamal, 29 ans, ont écopé chacun de 6 mois avec sursis. Un quatrième frère Benhaddou, Moucine, présent lors de la rixe, est en fuite depuis et n’a donc pas pu être jugé.
Durant cette audience qui s’est déroulée dans le calme en dépit de crainte d’incidents, Le procureur Nicolas Bessone a dénoncé la participation des cinq hommes à « une crise paroxystique où tous les bas instincts sont ressortis ». Les cinq condamnés ont exprimé leurs regrets à l’issue des débats, auxquels ont assisté de nombreux habitants de Sisco.
A l’origine des violences, des photos prises depuis le bord de la route. Installé avec sa famille depuis le matin dans une petite crique de Sisco, Mustapha Benhaddou, dont le procureur a dénoncé la volonté de « privatiser » la plage, en multipliant les incidents, n’apprécie pas et le fait savoir, d’abord à un couple de touristes, puis à un groupe de jeunes.
Des invectives sont échangées avec les jeunes. Mustapha Benhaddou reconnaît avoir « secoué et giflé » Jerry Neumann, un jeune du village âgé de 18 ans, partie civile au procès. A partir de là, la rixe prend de l’ampleur, quand des villageois descendent porter secours aux jeunes « secoués », déclenchant ce que M. Bessone a qualifié de « lynchage collectif ». « On a frôlé la catastrophe », a résumé le procureur.
Sans attendre les résultats préliminaires de l’enquête, le maire socialiste de Sisco s’etait rangé du côté des villageois qui ont mis en cause le burkini. Au lendemain de la rixe, il a pris un arrêté municipal interdisant le «port de tout signe religieux distinctif dans les lieux publics», visant directement le port du burkini sur ses plages.
Le procureur de Bastia Nicolas Bessone avait alors affirmé que le port du burkini n’est pas à l’origine de la rixe.
« À l’origine des incidents se trouvent les membres de la famille maghrébine qui ont voulu, dans une logique de caïdat, s’approprier la plage, la privatiser. Ils ont multiplié au fur et à mesure de la journée des incidents. Là, va s’en suivre une altercation entre un de ces jeunes de ce groupe du village et des membres de cette famille », avait -t-il déclaré aux médias. Il a insisté sur le fait qu’il n’y avait pas « de personnes radicalisées » et « de méchants racistes.