A quelques jours du prochain sommet du G7, le Président français Emmanuel Macron reçoit Vladimir Poutine, son homologue russe. Une visite d’autant plus significative, puisque la Russie, exclue du G8 [NDLR : devenu G7 avec l’exclusion de la Russie] en 2014, passe aujourd’hui de crise en crise, tant sur le niveau national qu’international.
La rencontre entre les deux dirigeants français et russe vise à réintroduire la Russie dans l’esprit du multilatéralisme et de l’intégrer dans les débats qui animeront le prochain sommet du G7, dont elle ne fait plus partie, depuis l’annexion de la Crimée en 2014.
Moscou entretient aujourd’hui des relations compliquées avec plusieurs pays occidentaux. Elle reste cependant une puissance mondiale incontournable dans plusieurs dossiers internationaux majeurs, notamment la Libye, l’Iran, la Syrie et l’Ukraine.
En effet, bien qu’exclue du G8, elle reste cependant impliquée dans plusieurs dossiers, cela, toutes les puissances l’ont compris notamment Donald Trump. Avant le sommet du G7 du 8 juin 2017, il avait estimé : «ils [NDLR : pays du G7] devraient réintégrer la Russie. Parce que nous devrions avoir la Russie à la table de négociations». Pourtant, cette déclaration pourrait facilement passer pour un échange de faveurs entre ces deux pays, liés d’une façon parfois très soupçonneuse.
Rappelons que la Russie était soupçonnée d’être intervenue pour influer sur le résultat des élections présidentielles américaines. L’approche américaine à l’égard de la Russie s’est transformée. Le président Trump est notamment intervenu à quelques reprises pour freiner l’imposition de nouvelles sanctions à la Russie. Il est donc clair que les USA et la Russie ne tarissent pas en échanges de faveurs, et cette déclaration de Trump pourrait facilement être en réalité un vœu inavoué de la Russie à réintégrer le G7.
Face à la déclaration du Président américain, la chancelière allemande Angela Merkel avait assuré que la « position commune » des pays européens du G7, à savoir l’Allemagne, l’Italie, la France, et le Royaume-Uni, était de s’opposer à une réintégration de la Russie en l’absence de « progrès substantiel » dans le dossier ukrainien. Les leaders du G7 avaient également imposé des sanctions et rappelé maintes fois à l’ordre le pays de Vladimir Poutine pour son soutien au dictateur syrien Bachar Al-Assad. A leurs yeux, la Russie commet des « atteintes à la démocratie » inexcusables.
Pourtant, Poutine aurait plus que jamais besoin que cette réintégration se fasse. Sa popularité baisse et il suscite le mécontentement général dans son pays. Salaires trop faibles, hausse des prix et des tarifs des services publics, système de santé…Il a aussi reconnu, et c’est nouveau, que la diminution du niveau de vie des Russes s’est faite à cause des sanctions économiques, soulignant qu’il allait s’employer à le faire remonter.
Les difficultés vécues par la population au quotidien se traduisent par les chiffres. Un sondage national avait fait état que seulement 30,5% des Russes déclarent faire encore confiance au président russe. L’institut public Vtsiom a dû corriger ses chiffres pour le présenter sous un jour plus flatteur. Un score calamiteux au regard des performances passées du chef de l’État et des efforts de propagande déployés par les médias du pays. Il s’agit du plus mauvais résultat jamais enregistré en 20 ans de pouvoir.
Si Macron, a l’issue de cette rencontre réussit à avancer sur le dossier “Ukraine” par le frein des livraisons d’armes que seul Poutine peut décider, ce serait une victoire sur le plan diplomatique dont il aurait bien besoin également pour son image et celle de la France à l’international.