En proie aux circonstances et aux contingences politiques, la définition des attributions des secrétaires d’État se laisse difficilement deviner. Alors que les ministres accaparent les décisions stratégiques essentielles, les secrétaires d’État ne jouissaient d’aucun pouvoir et leur implication était faible.
En matière de tutelle exercée par les ministres à l’égard des secrétaires d’État, les décrets d’attribution, lors même qu’ils existent, ne livrent pas un partage clair des responsabilités de chacun. Cette incertitude du partage des rôles a longtemps pesé sur la cohérence, l’efficacité et l’exigence de célérité de l’action gouvernementale.
La première configuration gouvernementale Saad Eddine El Othmani continue à faire parler d’elle. Lors d’une rencontre organisée par le ministère de la Solidarité, de la femme, de la famille et du développement social au théâtre Mohammed V, samedi 12 octobre, le chef du gouvernement a avoué, devant une assistance médusée, que les secrétaires d’État écartés lors du dernier remaniement étaient sans attributions, sans compétences, et sans missions. Douze secrétaires d’État, donc, qui toucheront une retraite à vie pour une durée d’(in)activité qui n’a pas dépassé deux ans et demi. L’absence d’une définition officielle des attributions des membres du gouvernement afin d’éviter les incertitudes et les conflits entre leurs compétences respectives, elle, fait encore objet de débat.
Les pouvoirs et les responsabilités des secrétaires d’État sont une interrogation récurrente d’autant plus légitime que la jurisprudence administrative, silencieuse sur les attributions des secrétaires d’État contribue a entretenir le flou. En général, les services administratifs sont placés sous l’autorité pleine et entière du ministre alors que la capacité d’influence des secrétaires d’État était limitée en termes administratifs. La plupart étaient alors voués à jouer le rôle de figurant. Leur concours, quand il était sollicité, ne pouvait être qu’épisodique.
Cette ambiguïté dans le répartition des compétences ministérielles a engendré quelques conflits, comme dans le cas de l’ex-secrétaire d’État chargée de l’eau et son ministre de tutelle, Abdelkader Amara, qui pilote le département de l’Équipement, du transport, de la logistique et de l’eau. Afailal a accusé M. Amara de compromettre le bon fonctionnement des services qui lui sont attribués en les privant de toute stratégie à long terme de gestion et d’organisation. Dans les faits, le gel de la nouvelle loi sur l’Eau a envenimé les relations entre les deux responsables, puisque M. Amara refusait mordicus de parapher les décrets d’application qui y sont relatifs. Mme Afailal perdra finalement et son bras de fer avec M. Amara, et sa place au sein du gouvernement.
Les secrétaires d’État bénéficient d’une rémunération mensuelle forfaitaire de 20.000 dirhams, d’une indemnité de représentation de 10.000 dirhams, et d’une indemnité représentative de logement de 15.000 dirhams quand ils n’occupent pas un logement meublé. Ceux qui ont eu droit à un logement non meublé obtiennent une indemnité forfaitaire mensuelle de 5.000 dirhams. Un pactole pour rien, alors que l’équilibre politique de la coalition électorale, qui repose sur une répartition des responsabilités entre les membres qui la composent, était toujours chancelant.