Amar Belani, chargé du dossier du Sahara occidental, a accusé dimanche le Maroc d’utiliser «des armes sophistiquées», faisant référence à une récente attaque au drone au Sahara, relayée par un site pro-Polisario. Pourtant, les exécutions extrajudiciaires et les cas de torture enregistrés à Tindouf, commis en majorité par des membres de la police et des services de renseignement algériens, doivent alarmer la dictature militaire d’Alger plus que la situation au Sahara.
Les autorités marocaines «conduisent des actes de guerre à l’est du mur de sable et commettent des assassinats extrajudiciaires ciblés (…) par l’utilisation de systèmes d’armes sophistiqués», a déclaré le dénommé Amar Belani, envoyé spécial algérien sur le Sahara occidental. Ce dernier, oublie, ou feint d’oublier, que les milices séparatistes revendiquent quotidiennement des attaques «visant les positions des forces marocaines le long du mur de sable». Des annonces souvent à visée purement propagandiste.
Ces derniers mois, «plusieurs éléments de premier plan» du Polisario, dont le chef de la gendarmerie, «sont morts» après des opérations de l’armée marocaine en réaction à des «mouvements suspects de leaders du Polisario à l’intérieur des zones tampons». Aucun élément civil n’a été visé. Fin août, l’Algérie, irritée par les percées internationales marocaines, a rompu ses relations diplomatiques avec le Maroc avant de décréter la fermeture «immédiate» de son espace aérien à tous les avions marocains et de décider de ne plus utiliser le pipeline qui transite chez le royaume, se contentant du gazoduc sous-marin Medgaz, qui opère déjà au maximum de sa capacité.
À Tindouf pourtant, des «exécutions extrajudiciaires» d’anciens membres du Polisario ou de dissidents opposés à la direction actuelle continuent toujours. Plusieurs témoins ont documenté «des meurtres, des arrestations ou des disparitions dont ont été victimes plusieurs personnes qui ont tenté de fuir les affres des camps de Tindouf. Des exactions perpétrées par l’armée algérienne», nous disent nos sources. Ce janvier, au moins six sahraouis ont été assassinés de sang froid à Tindouf, des crimes peu dénoncées à l’échelle internationale.
La nouvelle croisade algérienne n’a rien de surprenant. Belani instrumentalise une fausse infirmation diffusée par un site proche du Front Polisario, lequel avait affirmé que des individus non armés avaient été la cible d’un drone. Une information reprise illico par Akram Kharief du site Menadéfense. Ce dernier, notoirement hostile au Maroc, entretient des liens non déclarés avec le pouvoir algérien et se charge de valider ses thèses. En novembre, la mort de trois Algériens conduisant deux camions non identifiés sur le sol marocain a été manipulée par ce faux journaliste. Son site avait dans un premier temps affirmé que le bombardement avait été effectué par des tirs d’artillerie de l’armée marocaine avant d’évoquer celui d’un drone armé. Exactement après la diffusion du communiqué de la présidence algérienne ayant évoqué un « armement sophistiqué » utilisé dans cette attaque mais sans en préciser la nature.
Ces camions, faut-il le rappeler, se trouvaient non pas sur la route commerciale comme l’Algérie le prétendait mais dans une zone militarisée interdite à toute circulation.
Belani, malgré la flagrante obsession algérienne, persiste à affirmer que l’affaire du Sahara concerne «deux parties», au moment où l’émissaire de l’ONU pour le Sahara occidental, Staffan de Mistura, a effectué récemment une tournée dans la région, assurant vouloir «relancer le processus politique (de résolution du conflit, NDLR) qui se trouve dans l’impasse». «Il est temps pour les parties de comprendre la nécessité d’un dialogue, de chercher une solution et pas seulement de maintenir un processus sans fin sans espoir de résolution», a déclaré le 22 janvier le chef de l’ONU Antonio Guterres, juste après la tournée de Staffan de Mistura.
Pour Rabat, la relance des négociations, suspendues depuis 2019, doit s’inscrire dans le cadre de «tables rondes» réunissant le Maroc, le Polisario mais aussi l’Algérie et la Mauritanie. Alger est opposé à des pourparlers sous cette forme, préconisant des négociations bilatérales quasi-irréalistes entre le Polisario et le Maroc.