Amar Belani, qui était auparavant ambassadeur d’Algérie auprès de l’UE à Bruxelles et porte-parole du ministère algérien des Affaires étrangères, a commis des déclarations qui ne peuvent être considérées que comme une tentative d’intimidation dirigée contre le nouvel émissaire onusien.
Dans la terminologie du régime de d’Abdelmadjid Tebboune, le terme Issaba («la bande»), désigne le clan désormais honni du défunt président Abdelaziz Bouteflika. Amar Belani, nommé par le régime envoyé spécial chargé de la question du Sahara et des pays du Maghreb, a longtemps été membre de ce gang qui tient l’Algérie en otage depuis 1962. Désormais observateur et commentateur impuissant des variations d’un dossier qui lui échappe, il essaie de donner le change, sans succès. Depuis, c’est à chaque fois des froncements de sourcils, des affirmations péremptoires, des protestations aigres.
«Amar Belani est l’un des obligés de Ramtane Lamamra. Il doit ses divers postes de responsabilité (une sacrée rente) à ce dernier, mais surtout pour ses positions contre le Maroc et ses intérêts, l’affaire du Sahara en premier lieu. En 2013, Amar Belani a été nommé ambassadeur en Belgique et auprès de l’Union européenne. Un poste où il allait s’éterniser jusqu’en 2020» avait écrit notre confrère Maghreb Intelligence.
On tomberait à coup sûr sur de nouvelles sorties d’Amar Belani, psalmodiant avec une monotonie imperturbable ses récriminations sempiternelles contre le Maroc. Celui-ci a fait et tient contre le royaume la plus pitoyable ou la plus bouffonne gageure qu’on vit jamais. Dernière déclaration (accordée à l’agence APS) : la nouvelle résolution du conseil de sécurité de l’ONU «est profondément déséquilibrée, ne fera que consacrer une impasse programmée du processus politique et l’échec anticipé des efforts du nouvel envoyé personnel avant même que ce dernier n’ait pris son service à compter du 1ᵉʳ novembre». Faire le procès à Staffan de Mistura avant qu’il ne commence sa mission, de quelque manière que ce puisse être, c’est rétrograder vers la déraison la plus pure et mettre la future mission onusienne en litige. Les forces d’interposition au Sahara (Minurso), au centre d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité le 13 octobre, doit être renouvelée le 27 octobre, a priori pour un an.
Amar Belani n’a qu’une utilité, présenter le dossier du Sahara comme un problème ; comme l’objet de la discussion la plus imposante, la plus ardente, la plus difficile qui puisse occuper les représentants de la diplomatie internationale, alors que son pays est confronté à une longue dislocation et à des crises renouvelées. Assez de dignitaires algériens s’efforcent d’attiser les difficultés sur ce dossier, assez de barrières ont été élevées, dont beaucoup ont été abattues par Rabat, assez de fossés ont été creusés par l’Algérie et que le Maroc empêche de grossir.
De pareilles propos font sourire lorsqu’on sait que l’Algérie se présente en tant que «pays observateur» dans ce dossier. Les considérations qu’Amar Belani assène suffisent à faire comprendre avec quelle méfiance doivent être accueillies les déclamations du régime algérien qui, regrettant son influence perdue, cherche toutes les occasions de ranimer des conflits régionaux, pas seulement au Sahara. Le point principal qu’il convient d’en dégager est celui-ci : Lorsqu’il est si difficile de s’entendre, à l’intérieur d’un même pays, comme l’Algérie, c’est une tentative qui doit paraître bien audacieuse que celle d’Amar Belani de se présenter comme missionnaire de la concorde régionale.
Le coup de maître du Maroc, qui a momentanément déployé ses troupes dans la zone tampon de Guerguerat, dans l’extrême sud du territoire, après qu’un groupe de mercenaires du Polisario a bloqué la seule route vers la Mauritanie voisine, irrite toujours. Depuis, frustrés par la tournure des événements, l’Algérie et les séparatistes ont repris les hostilités verbales. «Le Maroc n’aurait pas pu faire ce qu’il a fait [à Guerguerat] sans le soutien de la communauté internationale, le soutien de l’ONU, du Conseil de sécurité ainsi que du secrétaire général de l’ONU», a affirmé un haut responsable du Polisario, Khatri Addouh.
Peu avant son départ de la Maison-Blanche, Donald Trump a reconnu la souveraineté marocaine sur l’ensemble du Sahara. Depuis la nouvelle administration a indiqué que cette position demeure «inchangée».
Chaque jour apporte de nouvelles preuves des intentions belliqueuses du régime algérien, qui se rend compte de l’impossibilité où il se trouve de se maintenir isolé. Amar Belani a affirmé que «le format dit des tables rondes (pour le dossier du Sahara) proposé n’est pas la solution idéale». «L’Algérie ne s’est jamais engagée à en faire partie à l’avenir car nous estimons que ce format est loin de constituer la solution idéale et que, bien au contraire, il est devenu contreproductif». Des propos illusoires sachant que la nature des négociations ne se décrète pas ou ne se supprime pas à volonté et que le régime algérien fait tout pour attirer un antagonisme militaire.
L’honneur et la dignité de l’Algérie ne sauraient être compromis que par les politiques d’aventure menées par le régime actuel, qui la conduiraient fatalement à une pente dangereuse.