En adoptant, vendredi, le très attendu projet de résolution présenté par les Etats-Unis, et en propageant le mandat de la MINURSO pour un an, le Conseil de sécurité a, en principe, mis fin à la querelle entre le Maroc et le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-moon, une querelle qui a vite pris l’allure d’une crise sans précèdent.
En attendant la réaction du Maroc à cette résolution, force est de constater que le Conseil de sécurité est loin d’avoir satisfait la justesse de la cause marocaine en ce sens qu’il insiste sur son soutien à Ban Ki-moon et à son Envoyé Personnel au Sahara Christopher Ross auxquels il demande d’ailleurs de poursuivre leurs efforts en vue d’un règlement de ce conflit. On voit mal comment ces deux hommes qui ne sont plus en odeur de sainteté au Maroc, pour ne pas dire Persona non grata, pourront poursuivre leur mission dans ce pays.
Hormis le clin d’œil du Conseil de sécurité au Maroc en « prenant note » de la proposition d’autonomie au Sahara présentée par ce dernier le 11 avril 2007, au Secrétaire Général, et des « efforts sérieux et crédibles du Maroc visant à aller de l’avant dans le processus vers une résolution (du conflit) », le document américain, qui a fait l’objet de nombreuses tractations, laisse beaucoup à désirer.
Le fait également que le Conseil de sécurité salue les efforts du CNDH pour la protection des droits de l’homme à travers ses commissions à Dakhla et Laâyoune, ne peut également rendre justice à un Maroc qui ne cesse de faire preuve de bonne volonté pour régler une fois pour toutes ce différend, comme d’ailleurs le demande ce Conseil.
Si la résolution adoptée « déplore que la capacité de la Minurso de s’acquitter pleinement de son mandat ait été limitée » après l’expulsion en mars de 75 membres civils expatriés de la mission, et si le Conseil « souligne qu’il est urgent que la Minurso puisse de nouveau exercer pleinement ses fonctions », rien n’est dit ou fait à propos du préjudice subi par le Maroc et surtout son peuple qui s’est senti trahi par ce « machin » dont parlait De Gaulles.
La résolution réaffirme en outre « l’engagement d’aider les parties à parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui prévoit l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux principes et à la Charte de l’ONU, et note le rôle et les responsabilités des parties à cet égard ».
Ces arrangements, on les voit déjà dans la proposition d’autonomie marocaine qui constitue, comme l’avait souligné le chef de l’Etat Mohammed VI, le maximum que puisse accorder le royaume face à un Polisario qui s‘accroche toujours, poussé en cela par l’Algérie, à l’option de l’indépendance.
D’ailleurs le Conseil de sécurité dit « encourager dans ce contexte, les parties à faire preuve de davantage volonté politique en prenant en considération les propositions des uns et des autres ». Les propositions marocaines sont connues, qu’en est-il de celles du Polisario ?
Et puis, un cinquième round de négociations auquel appelle le Conseil de sécurité, est d’ores et déjà exclu par le Maroc tant que l’Algérie ne clarifie pas sa position qui est celle de partie prenante du conflit, autrement dit le véritable interlocuteur du royaume.
L’appel du Conseil de sécurité aux pays voisins, surtout l’Algérie, de s’impliquer davantage dans la recherche d’une solution, sera-t-il entendu à Alger ? Une autre question qui restera surement en suspens.
Last but not least, la demande faite au Secrétaire général de briefer le Conseil dans un délai de 90 jours pour savoir si la MINURSO est redevenue opérationnelle, le cas échéant le conseil examinera « la meilleure manière de faciliter la réalisation de cet objectif », suscite de nombreuses d’interrogations. De quelle MINURSO parle le Conseil ? De la composante militaire ou civile dont la majorité des membres a été expulsée ? Un expulsion qualifiée de « décision irrévocable » par les autorités marocaines.
Autant de questions auxquelles il va falloir apporter des réponses de part et d’autre.