L’Allemagne cherche à multiplier les signes d’ouverture en direction de Rabat après des impairs diplomatiques liés à la reconnaissance américaine de la souveraineté du Maroc sur le Sahara. Néanmoins, jeter les fondements d’une future reprise des relations passe par des prises de position qui ne laissent aucune place à l’équivoque et mettent hors d’emploi les vues routinières et intéressées.
Le 13 décembre, dans les annales diplomatiques marocaines, une de ces dates que l’histoire est appelée à recueillir à plus d’un titre. Une petite tribune qui contenait ces quelques mots demeurés l’incarnation du nouveau gouvernement allemand d’ouvrir une nouvelle page avec Rabat : «la contribution importante» du «plan d’autonomie». Si cette déclaration est à féliciter, elle reste néanmoins insuffisante pour rétablie la confiance absolue. Berlin a offert avant la dégradation des relations avec Rabat un étrange spectacle de la rigueur la plus excessive, la plus injustifiable, envers le Maroc et ses intérêts.
Avant un an, Berlin a sollicité la tenue d’une réunion d’urgence au sein du Conseil de sécurité de l’ONU en marge de la proclamation américaine historique reconnaissant la souveraineté marocaine sur le Sahara. La position allemande, également appuyée par l’Espagne, était destinée à saper une dynamique européenne favorable aux intérêts du Maroc. Les violentes démonstrations allemandes contre le Maroc étaient incompréhensibles, et le cabinet allemand n’a n’a cessé de suivre attentivement, scrupuleusement le démêlé du dossier du Sahara dans ses oscillations les plus fugitives, et d’intervenir à tout moment par des déclarations, des avis et des notes.
Les Allemands étaient les seuls à avoir critiqué la décision américaine de reconnaître la souveraineté du Maroc sur le territoire du Sahara, en défendant en même temps à l’ONU le principe d’un processus référendaire fondé sur l’autodétermination soutenu par le Polisario. Ainsi, le représentant allemand à l’ONU a tenu un tout autre langage, un langage assurément bien inaccoutumé, en contradiction complète avec tout ce Berlin avait jusque-là défendu. Un acte manifeste d’intervention dans les affaires intérieures d’un État indépendant, qui prenait en main, et qui se prononçait hautement pour les prétentions les plus infondées d’une milice non reconnue par la communauté internationale.
La permissivité allemande à l’égard des relais du Polisario, lesquels ont hissé «le drapeau» de la RASD devant le parlement régional allemand de Brême, dans le cadre d’une campagne soutenue par l’Intergroupe pour le Sahara occidental qui siège au Parlement européen avec la complaisance de quelques lobbys, était un événement inadmissible. Singulier piloté dans tous les cas, l’ancien gouvernement allemand, qui a mis en péril ses relations avec un partenaire stratégique.
En janvier, lors d’une la conférence internationale virtuelle organisée par le Maroc et les États-Unis pour appuyer la proposition d’autonomie marocaine, les mots de la diplomatie marocaine étaient d’une clarté limpide.
«L’Europe doit sortir de la zone de confort, la zone de confort de dire ‘il y a un processus (de négociation) et nous le soutenons, même si ce processus peut durer des décennies», a déclaré Nasser Bourita, qui a souligné que l’Europe doit être «dans la dynamique internationale lancée par les États-Unis pour soutenir l’autonomie du Sahara dans le cadre de la souveraineté marocaine sur le territoire.»
«Aujourd’hui, nous avons besoin d’un mouvement de toute l’Europe pour soutenir la seule perspective possible pour un règlement de la question du Sahara, l’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine», a tenu à préciser Nasser Bourita. Pour Rabat, il est nécessaire de clarifier avant de s’asseoir à une table ronde «avec qui on négocie» et «ce que l’on négocie», en précisant que toute solution «doit passer par l’autonomie marocaine.»
En janvier, «le seul pays européen qui a participé à la conférence internationale pour soutenir la position marocaine est la France», avaient mentionné des sources médiatiques. La conférence a compté 40 pays, principalement d’Afrique, du monde arabe, d’Amérique centrale et des Caraïbes, qui ont tous leur soutien à l’autonomie marocaine sur le Sahara, «une option sérieuse, crédible, réaliste et durable», «la seule solution possible.»
Les fondations allemandes implantées au Maroc et citées dans le communiqué de la diplomatie sont un autre point problématique : l’activisme de Konrad Adenauer, Heinrich Böll, Friedrich Naumann, Friedrich Ebert, Hans Seidel, entre autres, au sein de la société civile marocaine, reste encore à clarifier, voire à encadrer.