Depuis quelques mois, l’Algérie, à travers ses organes médiatiques, ébruite ce qu’elle considère comme un «revirement» espagnol relatif à l’affaire du Sahara et un retour à la position de «neutralité». Fin 2023, toutefois, le gouvernement espagnol, en réponse à une question posée au Congrès des députés (Congreso de los Diputados, chambre basse des Cortes Generales), a réaffirmé son engagement à soutenir «l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce dossier», selon un document consulté par Barlamane.com. Le texte ne mentionne pas la perspective d’une «autodétermination du peuple du Sahara occidental», une expression de plus en plus abandonné par les puissances régionales africaines et européennes.
Quelques heures avant d’atterrir en Alger, le chef de la diplomatie espagnole José Manuel Albares a été contraint d’annuler son déplacement. Derrière les artifices oratoires et les faux-fuyants diplomatiques, se cache la déception algérienne de voir Madrid s’ériger en soutien solide à l’intégrité territoriale du Maroc. L’Espagne, selon la feuille de route signée en 2022, «reconnaît l’importance de la question du Sahara pour le Maroc ainsi que les efforts sérieux et crédibles du royaume dans le cadre des Nations unies» et «le bien fondé de l’initiative marocaine d’autonomie», réaffirme le document.
D’autres rumeurs finiront par s’évaporer
Le mégaprojet de gazoduc reliant le Maroc au Nigeria fait l’objet d’une offensive médiatique algérienne croissante. Le NMGP, long de quelque 6 000 km, devrait traverser treize pays africains sur la façade atlantique jusqu’au royaume avant d’être connecté au Gazoduc Maghreb Europe (GME), actuellement inactif. Pour contrecarrer le Maroc, l’Algérie a relancé le gazoduc transsaharien (TSGP) devant relier le Nigeria à l’Algérie via le Niger, mais ce réseau long de 4 200 km est confronté à des défis sécuritaires et géostratégiques majeurs.
Surtout, ce qui inquiète l’entourage régional algérien, ce sont les coup de sang du pouvoir d’Abdelmadjid Tebboune, sa politique de bascule et cette absence de principes dans les relations diplomatiques. En l’absence de toutes communications officielles avec le régime algérien, le gouvernement espagnol consacre à travers les documents officiels son soutien au Maroc. Le plus grave reste que l’Algérie marchande ses assentiments politiques, poussant plusieurs pays à éprouver une méfiance instinctive contre une ligne de conduite erratique hostile à toute appréciation pratique des enjeux du moment.