L’Algérie et la Mauritanie ont inauguré mi-2018 leur premier point de passage frontalier pour donner un coup de pouce aux relations économiques et commerciales bilatérales, ont annoncé les médias algériens. Pourquoi donc, trois algériens qui effectuaient la liaison entre la Mauritanie et l’Algérie, se sont trouvés en plein cœur du Sahara marocain ?
L’Algérie a annoncé mercredi la mort de trois de ses ressortissants dans un supposé bombardement marocain, avant qu’une source marocaine ne réfute des accusations gratuites, affirmant que Rabat ne se laissera pas entraîner dans une guerre avec l’Algérie. Selon la présidence algérienne, trois personnes ont trouvé la mort alors qu’elles faisaient la liaison Nouakchott-Ouargla, entre la Mauritanie et l’Algérie, précisant que l’attaque avait eu lieu lundi 1ᵉʳ novembre.
Mi-2018, cependant, l’Algérie et la Mauritanie ont inauguré un point de passage commercial qui allait favoriser la circulation des biens et des personnes «dans l’intérêt des deux peuples», selon les propos des autorités de l’époque. Selon l’agence officielle algérienne APS, la construction de ce poste frontalier en vertu d’un accord signé par les deux pays en novembre 2017, a coûté à l’Algérie près de 8,5 millions d’euros. Qu’est-t-il advenu de ce point et pourquoi les camions algériens ont traversé une localité au nord-est du Sahara, sur le territoire marocain ? Le régime algérien a-t-il envoyé ces trois individus à une mort certaine ? «On s’étonne donc de voir les autorités algériennes évoquer la présence d’un camion qui se trouverait dans cette zone, eu égard à sa nature juridique et à son utilisation à des fins militaires», a argumenté une source marocaine officielle ce 3 novembre.
La frontière algéro-mauritanienne, longue de quelque 460 km, est réputée pour être la plus courte pour chacun ces deux très vastes pays. Ce qui fragilise encore la version algérienne, c’est que cette région désertique, longtemps connue comme un repaire de trafics et de mouvements de combattants de groupes armés, avait été déclarée par les autorités mauritaniennes zone militaire fermée à la circulation des personnes pendant de longues années. Les deux pays partagent par ailleurs depuis plus d’une dizaine d’années un projet de construction de route entre Tindouf (Algérie) et Choum (Mauritanie), deux localités proches du Sahara. Un autre projet dont le devenir et le sort restent un mystère malgré les recommandations de la haute-commission mixte algéro-mauritanienne, tenue fin 2016 à Alger.
Pourquoi, donc, traverser une zone de conflit alors qu’un point frontalier et une route existent déjà ? Une zone empruntée fréquemment et exclusivement par des véhicules militaires des milices armées du Front Polisario, selon des sources marocaines à l’AFP ?
L’Algérie, principal soutien des milices du Polisario, a appelé fin octobre au retrait des forces marocaines déployées par le Maroc fin 2020 dans la zone tampon de Guerguerat, dans l’extrême sud du territoire, après qu’un groupe de mercenaires sahraouis a bloqué la seule route vers la Mauritanie. Une demande fantaisiste à plus d’un titre.
Pire, l’Algérie a émis des doutes sur l’aboutissement des efforts de l’ONU, même après la nomination du nouvel émissaire, et a déclaré que le lancement de négociations directes et sérieuses entre le Front Polisario et le royaume du Maroc sera sans elle. La surenchère algérienne, pour rappel, a éclaté peu avant la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté marocaine sur le Sahara et l’opération de Guerguerat, le 13 novembre 2020.