Pour la première fois depuis 40 ans, le conflit du Sahara serait sur la voie d’une solution impulsée par le président russe Vladimir Poutine qui s’est converti en l’interlocuteur privilégié entre l’Algérie et le Maroc à la suite de la visite du Roi Mohammed VI à Moscou.
A en croire le journaliste espagnol Enrique Montàchez, le dirigeant russe a réussi à convaincre l’Algérie pour qu’elle fasse pression sur le front Polisario, et le roi du Maroc pour que ses représentants acceptent de s’ asseoir à la table de négociation avec le mouvement séparatiste.
La crise entre le Maroc et le secrétaire général des Nations-Unies suite aux propos inopportuns de ce dernier et la réaction virulente du Maroc, sont passées au second plan à la suite de la décision inespérée de Vladimir Poutine de s’impliquer dans une solution du conflit du Sahara, écrit ce journaliste dans un article publié sur le site espagnol La Critica.
Poutine a rassuré Mohammed VI durant sa visite à Moscou, du soutien de la Russie au Maroc et à l’Algérie dans la recherche d’une solution du conflit, souligne l’auteur de l’article en se basant sur des « informations de première main » de diplomates européens sur les conversations au Kremlin.
Il en veut également pour preuve du rôle d’interlocuteur privilégié des parties en conflit, la récente visite du ministre russe des affaires étrangères Serguéi Lavrov, qui a fait part aux autorités algériennes de l’accord stratégique atteint par Poutine et le roi Mohammed VI.
L’auteur poursuit plus loin que l’Algérie fait actuellement face à d’autres préoccupations stratégiques avec les terroristes jihadistes à ses frontières, et la question de la succession de ses dirigeants politiques après la mort du président Bouteflika. Dans ces circonstances, Alger devra faire face également, dans son soutien au front Polisario, aux milliers de jeunes Sahraouis retenus dans les camps de réfugiés et qui constituent une « bombe à retardement » par crainte qu’ils n’aillent grossir les rangs d’Al Qaeda au Maghreb Islamique « Aqmi ».
Toujours selon cet auteur, c’est ce scénario qu’a réussi à capter Poutine avec une très grande habilité en offrant à l’Algérie le soutien diplomatique nécessaire pour qu’elle puisse convaincre le Polisario de la nécessité de s’asseoir à la table de négociations avec le Maroc, tout en signant un grand « accord stratégique » avec Mohammed VI, ce qui ferai du Kremlin le premier à rassembler autour de la même table, et les marocains et les algériens et le Polisario.
L’auteur poursuit que les conditions posées par les trois parties -Maroc, Algérie et Russie-, est que le Polisario renonce à l’indépendance du Sahara et accepte la formule de l’ « autonomie avancée » proposée par le roi Mohammed VI qui consiste en le retour des réfugiés de Tindouf à l’ancienne colonie espagnol avec la garantie qu’ils assurent l’autogestion des ressources naturelles (pêche et Phosphates ».
Ainsi toutes les parties y gagnent. Le Maroc parviendra donc, après 40 ans, à consolider la marocanité du Sahara qui permettra à Mohammed VI d’achever le mandat de son père Hassan II, en même temps qu’il enterre la hache de guerre avec l’Algérie. Celle-ci se débarrassera ainsi de ce fardeau pour se consacrer à ses frontières les plus instables face à l’offensive jihadiste : Libye et Tunisie, et partant enterrer la hache de guerre avec le royaume.
Quant au Polisario il sauvera ainsi la face et entrera dans l’histoire pour avoir réussi à assurer le retour du peuple Sahraoui à sa terre natale avec des garanties de travail et de progrès qu’ils n’ont pas eu dans les camps de Tindouf.
Et finalement le kagébiste Poutine, en grand joueur invétéré des échecs géopolitiques, parviendra lui aussi à s’attirer les deux pays les plus puissants et riches du Maghreb à cheval sur la Méditerranée et l’Atlantique, et disposant de ressources naturelles gigantesques (gaz, phosphates, pétrole, minerais rares, uranium).
Bref, tout ce que cherchait Brézhnev, mais, de nos jours, par la voie la plus pragmatique des intérêts économiques et commerciaux, souligne l’auteur avant de conclure : A présent il va falloir attendre le prochain mouvement des Etats- unis dans ce jeu d’échec.