Amar Belani, «l’envoyé spécial chargé de la question du Sahara» au ministère algérien des affaires étrangères, a annoncé que le régime algérien compte sur une défaite du Parti socialiste (PSOE) de Pedro Sanchez pour espérer l’invalidation du changement espagnol à l’égard du dossier du Sahara. Le régime algérien consent désormais à toutes les extrémités par le désir de faire front a Maroc.
Le dernier mot est-il dit dans l’égarement diplomatique algérien ? On n’oserait encore l’affirmer. L’Algérie a suspendu début juin un «traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération» conclu en 2002 avec l’Espagne. Cette mesure est une réponse au revirement de Madrid sur le dossier du Sahara pour s’aligner sur la position du Maroc, d’après la présidence la présidence.
«Il faudra espérer la formation d’un nouveau gouvernement», a déclaré Amar Belani, «l’envoyé spécial chargé de la question du Sahara», afin de reconsidérer la nouvelle décision espagnole [qui] «considère l’initiative marocaine d’autonomie, présentée en 2007, comme la base la plus sérieuse, réaliste et crédible pour la résolution de ce différend», au moment où les folles prétentions de la diplomatie algérienne liées à la conduite future de la coalition espagnole qui sera formée en 2023 irritent déjà en Espagne. Madrid, qui a reconnu «l’importance de la question du Sahara pour le Maroc ainsi que les efforts sérieux et crédibles du Maroc dans le cadre des Nations unies pour trouver une solution mutuellement acceptable», ne compte pas subir les ressentiments algériens.
Le régime algérien joue gros, sachant que la scène politique espagnole est morcelée, dans un pays en proie à une instabilité chronique depuis la fin du bipartisme en 2015; avec la montée des conservateurs du Parti Populaire (PP), et l’affaiblissement de la gauche radicale de Podemos et des libéraux de Ciudadanos. Ni un bloc de gauche (PSOE, gauche radicale de Podemos et sa liste dissidente Mas Pais) ni une alliance des droites (PP, VOX et les libéraux de Ciudadanos) n’atteindront la majorité absolue en 2023 selon les premières estimations. C’est à l’aide d’une vague et chétive surenchère verbale que l’Algérie prétend décourager des changements majeurs dont il n’a pas été maître d’empêcher l’essor.
Les «sales coups» algériens sont abondamment commentés en Espagne. Alors que Sonatrach, qui a fourni en 2021 plus de 40 % du gaz naturel importé par l’Espagne, dont l’essentiel lui parvient désormais à travers le gazoduc sous-marin Medgaz, a réduit ses fournitures énergétiques à l’Espagne de 25 %. Alger, qui a rappelé le 19 mars son ambassadeur en Espagne et Sonatrach, a aussi évoqué une hausse des prix du gaz à la suite la flambée enregistrée sur les marchés sous l’effet de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, pour augmenter ses tarifs consacrés à l’Espagne. Résultat des courses, «auparavant, près de 50% du gaz espagnol venait d’Algérie. Mais en janvier, Washington est devenu le premier fournisseur de l’Espagne, avec 30% de ses importations, contre 28% pour Alger», avait souligné Gonzalo Escribano, chercheur à l’institut Elcano de Madrid.
Les terrains faux déterminent les fausses manœuvres. Les efforts répétés de l’Algérie pour détacher du Maroc un jour le Sahara accusent sa volonté de se réduire à la solitude, au moment où le système algérien d’alliances, d’ententes et de rapprochements se disloque.
Le plus grave, c’est de voir que les relations de l’Algérie avec l’Europe sont dictées par son hostilité à l’égard du Maroc, et une politique qui se tient dans les limites que lui ont assignées jusqu’ici les déclarations officielles du gouvernement algérien sur ce sujet. L’Algérie, déchue de son rang de grande puissance africaine et arabe, lutte de toutes nos forces contre la paix régionale. L’offensive algérienne qui réclame la révision par Madrid de sa position sur le Sahara est vouée à l’échec. En Espagne, les responsables savent que l’Algérie, emportée par la passion des représailles, passe à côté de la politique réaliste. Sourde à toute lucidité, elle maintient son exigence initiale, son exigence unique : un soutien au Polisario, au moment où plusieurs pays européens ont souscrit à la reconnaissance du plan marocain d’autonomie comme unique solution au dossier du Sahara.
Pour continuer la politique de bluff qui a si bien échoué jusqu’alors, l’Algérie compte sur le temps, et redoute de provoquer une rupture avec le gouvernement espagnol actuel, dont les conséquences seront terribles. L’esprit de transaction dont Madrid a fait preuve à l’égard d’Alger a mis à nu le fond même de la politique algérienne. L’intérêt européen s’attache à ne pas laisser diminuer l’Europe, en qui les circonstances incarnent le principe de l’autonomie diplomatique et de l’équilibre dans le sud.
Si L’Espagne «désire avec l’Algérie des relations amicales et pacifiques fondées sur l’estime réciproque», le langage démesuré du régime algérien est devenu problématique au regard de l’Europe symbole de sa fantaisie, de son inconstance, de sa résistance obstinée à l’argument, de sa réelle indifférence aux démonstrations de la logique.