Un débat houleux a eu lieu après la révélation de données économiques sur la gestion du patrimoine de l’État marocain. Selon le professeur d’économie Mohamed Benmoussa, les ventes d’actifs publics effectuées par le gouvernement auraient atteint un montant record de 140 milliards de dirhams, attisant de vives critiques quant aux répercussions sur l’économie nationale et le développement à long-terme.
Cette privatisation massive perçue par certains comme une «vente de l’État» soulève des interrogations sur l’action effective du gouvernement. M. Benmoussa a souligné que ces mesures, bien qu’officiellement justifiées par la nécessité de réduire le déficit public et de financer des projets d’investissement, pourraient avoir des retombées durables sur la souveraineté économique du pays.
Les actifs vendus incluraient des biens immobiliers, des participations dans des entreprises publiques stratégiques et des ressources naturelles. Parmi ces cessions, des infrastructures clés auraient été transférées au secteur privé, ce qui réduirait le contrôle direct de l’État sur des secteurs essentiels.
L’économiste a également pointé du doigt la faible croissance économique enregistrée ces dernières années, avec un taux limité à environ 3 % en moyenne, bien en deçà des objectifs fixés dans les plans de développement. Il a mis en évidence l’incapacité des politiques actuelles à générer une dynamique de création d’emplois suffisante ou à réduire les inégalités sociales croissantes.
La vente d’actifs publics de cette ampleur «pourrait affecter à la capacité du pays à financer des projets stratégiques futurs en particulier dans des secteurs comme l’éducation, la santé ou l’énergie puisqu’une dépendance accrue au secteur privé pourrait également compromettre les objectifs de développement durable et réduire la résilience de l’économie face aux crises mondiales», a-t-on indiqué.
De plus, l’absence d’un cadre réglementaire strict pour encadrer ces transactions suscite des inquiétudes quant aux possibles dérives, notamment des ventes à des prix sous-évalués ou des conflits d’intérêts. Cette situation risque de creuser davantage le déficit de confiance entre les citoyens et leurs institutions.
M. Benmoussa a plaidé, enfin, «pour une réforme urgente et globale des politiques économiques afin de rétablir l’équilibre entre les besoins immédiats de financement et la préservation du patrimoine public.» Il a également insisté «sur la nécessité d’adopter des mécanismes transparents et d’établir une véritable redevabilité dans la gestion des actifs publics.»