Le débat sur le hijab est de retour en France ce 30 mars, avec les propos très critiqués d’une ministre, Laurence Rossignol, chargée des Droits des femmes, et les déclarations de Pierre Bergé, co-fondateur de la griffe Yves Saint Laurent. Le propriétaire de la villa Majorelle à Marrakech s’est dit « scandalisé » par l’incursion des créateurs sur le terrain de la mode islamique, les conjurant de « ne pas enfermer les femmes dans des voiles, comme des prisons ». Anticipant les critiques, rapporte l’AFP, il a refusé qu’on l’accuse d’ « islamophobie », vu qu’il vit une partie de l’année au Maroc.
Aux créateurs de mode, Pierre Bergé a lancé, sur les ondes d’Europe 1 : « Renoncez au fric, ayez des convictions! Vous êtes là pour embellir les femmes », les appelant à ne pas devenir « complices de cette dictature qui impose cette chose abominable qui fait qu’on cache les femmes ». Il ajoute qu’il faut « apprendre aux femmes à se dévêtir, à se révolter, leur apprendre à vivre comme la plupart des femmes dans le monde entier ».
De son côté, la ministre Rossignol a dit sur RMC : Lorsque des marques investissent ce marché (…) parce qu’il est lucratif, un marché pour les pays d’Europe, pas un marché pour les pays du Golfe (…), elles se mettent en retrait de leur responsabilité sociale », ajoutant que ces marques sont « irresponsables » et font « d’un certain point de vue la promotion de l’enfermement du corps des femmes ».
Dans l’exaltation, cette représentante du gouvernement Valls a dérapé, utilisant le mot « nègres » pour comparer l’esclavage à la mode islamique, ce qui lui valu les remontrances de l’Observatoire contre l’islamophobie (OCI), qui a dénoncé des propos « stigmatisants ». Elle a dit par la suite regretter l’emploi de ce terme mais le président de l’OCI Abdallah Zekri se demande toujours : »Est-ce qu’un ministre a le droit de s’ingérer dans la manière dont une femme souhaite s’habiller, dans la mesure où elle respecte les lois de la République et qu’elle ne cache pas son visage ? »
En France, le voile intégral est interdit depuis 2010. A l’inverse le voile qui laisse apparaître le visage est autorisé dans tous les lieux publics et même à l’université. Mais il est interdit dans les écoles publiques, au nom du respect de la laïcité, conformément à la loi sur le port de signes religieux ostensibles. Elle avait été votée en 2004, suite à un long débat qui, comme en 2010, avait enflammé le débat dans la société et l’arène politique.