Le spectacle qu’offre quotidiennement, cinq fois par semaines, les porteurs, hommes et femmes, de marchandises de contrebande achetées dans les entrepôts de Sebta et destinées à la vente au Maroc, est devenu tellement récurrent que la presse locale espagnole en fait sa une depuis un certain temps.
En effet, il ne se passe pas un jour sans que le quotidien le plus populaire de Sebta, El Faro ne publie une vidéo montrant ces centaines, voire des milliers de femmes hommes, jeunes et moins jeunes, porter sur leur dos des colis de marchandises dont le poids atteint parfois 100 kg.
Mais ce qui est frappant, c’est que parmi ces porteurs et « femmes-mulets » comme on les surnomme, il y a des enfants, des vieillards, des handicapés en chaise roulante dont certains amputés d’une jambe, et des aveugles qui tentent, en file indienne, de se frayer un chemin parmi cette horde de personnes toutes courbées à cause du poids des marchandises sur leur dos.
Cette catégorie de marocains auxquels leur pays et surtout leur gouvernement semble leur avoir tourné le dos, comme le commente une journaliste espagnole, fait la honte de l’Espagne en ce sens que ce genre d’atteinte à la dignité humaine se fait aux portes de l’Europe, et également de l’Etat marocain qui préfère regarder ailleurs au nom d’une certaine paix sociale.
Alors que faire? rien pour le moment, en attendant qu’un jour, les responsables oseront prendre le taureau par les cornes et régler, une fois pour toutes, ce problème social. Entre-temps, les images que diffusent la presse espagnole, continueront à montrer ces milliers de femmes et hommes qui se bousculent, tombent par terre, s’évanouissent, reçoivent des coups de matraque de la part des gardes civils espagnols, des images qui montrent un enfant handicapé mental jouer avec un carton accompagnant sa « femme-mulet » de maman.
Toutes ces « vies brisées » sont les maillons faibles d’une chaîne qui s’est convertie en une véritable obsession pour les deux pays qui ne savent quoi faire face à ce phénomène qui ne cesse de amplifier à cause de la misère. Ils sont les victimes abandonnées à elles mêmes par un système incapable de leur offrir une autre alternative que celle de s’adonner à ce genre de trafic, leur seul moyen de survivre et d’avoir une vie digne.
C’est le drame humain vécu quotidiennement dans cette partie de Sebta, « au coin de l’oubli », commente El Faro.






