Dans son numéro de septembre, l’influente revue de l’ANP, El-Djeïch, écrit que la décision de rompre les relations avec le Maroc est «une décision souveraine officiellement entérinée». Son éditorial fait état de «machinations et d’intrigues visant l’unité algérienne». Complotisme, révisionnisme, arrangements avec la réalité : le lecteur est servi.
Les malheurs de l’Algérie sont un «complot» fomenté par «des parties hostiles au pays», une accusation récurrente contre toute voix dissidente, mais qui prend des proportions démesurée. L’influente revue de l’armée El Djeich a affirmé cette semaine que la décision de rompre les relations avec le Maroc est «une décision souveraine officiellement entérinée». Une partie de l’éditorial au ton amer a été consacrée à l’intervention marocaine durant une réunion du Mouvement des non-alignés les 13 et 14 juillet à New York où l’ambassadeur du royaume aux Nations unies, Omar Hilale, a fait passer une note dans laquelle il estime que «le vaillant peuple kabyle mérite, plus que tout autre, de jouir pleinement de son droit à l’autodétermination». Un tabou pour Alger qui s’oppose à toute velléité indépendantiste de la Kabylie, région berbérophone frondeuse du nord-est de l’Algérie.
L’éditorial reprend à son compte les conclusions non prouvées de la réunion extraordinaire du Haut Conseil de sécurité algérien présidée par Abdelmadjid Tebboune, laquelle a été consacrée à l’évaluation de la situation après les gigantesques feux de forêt qui ont fait au moins 90 morts dans le nord du pays. Des incendies qui seraient d’origine «criminelle» perpétrés par le trio le Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK), une organisation indépendantiste le mouvement islamo-conservateur Rachad, établi à Londres (illégaux en Algérie, classés comme organisations terroristes le 18 mai) et enfin le Maroc.
La junte militaire algérienne a très mal pris les propos du chef de la diplomatie israélienne Yaïr Lapid qui a exprimé, lors d’une visite officielle le 12 août à Casablanca, ses «inquiétudes au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine (UA)». L’éditorial en question accuse le chef de la diplomatie israélienne de «viser la stabilité de l’Algérie».
La même revue, peu accommodante avec les réalités, appelle peuple algérien à «serrer les rangs» et à «se rassembler autour de l’Etat national, de son unité et sa souveraineté» face aux menaces de déstabilisation de l’Algérie.
Les autorités algériennes font face à une multiplication des conflits sociaux, alimentés par un taux de chômage élevé (15 %), une paupérisation de larges franges de la société, une crise économique, politique, sanitaire et intérieure sans précédent. Les coupables ? Le quarto MAK-Rachad-Maroc-Israël.