Le Maroc assainit les sentiers du cannabis. Après la loi encadrant les usages industriel et médical de la plante, l’instauration de l’Agence nationale de réglementation des activités relatives au cannabis (Anrac) qui tend à structurer la filière légale du cannabis à travers «l’industrialisation, la transformation, l’export du cannabis et l’importation de ses produits à des fins médicales, pharmaceutiques et industrielles» (l’établissement a déjà octroyé plus de 200 autorisations à des industriels pour la transformation, l’importation de semences et l’exportation), les autorités marocaines sévissent contre les trafiquants en contrariant leurs plans.
Dans sa dernière livraison du 15 septembre, le Journal du dimanche (JDD) a dévoilé qu’en France, «le nombre de saisies d’ampleur de cannabis venant du Maroc a baissé d’un tiers, signe d’une réorganisation des routes de l’or vert.» Grâce à sa nouvelle stratégie, le Maroc joue «sur trois tableaux», affirme la publication dominicale. «Il a légalisé la production du cannabis à des fins thérapeutiques et gracié le mois dernier 4 800 agriculteurs condamnés pour des affaires liées à la culture illégale afin de leur permettre d’obtenir une licence et accentuer la répression sur les trafiquants qui entendent rester dans l’illégalité. Ainsi, selon une source sécuritaire à Rabat, environ 100 tonnes de résine ont déjà été interceptées entre janvier et juillet, soit 19 tonnes de plus que le bilan officiel dressé l’année dernière par la Direction générale de la sécurité nationale (DGSN) marocaine», a-t-on détaillé.
Selon la même source, «la route historique par le détroit de Gibraltar fait désormais l’objet de contrôles renforcés. Des itinéraires de contournement tendent donc à être observés par les policiers spécialisés. Par la voie maritime, les narcotrafiquants tentent de rejoindre le Portugal et le sud-ouest de l’Espagne. Voire d’étendre leur modèle de la péninsule ibérique à la Catalogne avec des embarcations toujours plus rapides. Par la voie terrestre, le corridor du Maghreb passant par l’Algérie, la Tunisie et l’Égypte semble se développer avec une astuce pour les policiers». Un tour de vis sécuritaire qui exaspère les trafiquants, croit savoir une source citée par le JDD.
Le JDD se réfère à une note de l’office antistupéfiants (Ofast) et souligne que le «nombre de saisies supérieures à 200 kilos dans des embarcations ou camions s’est de fait réduit d’un tiers, passant de 2023 à 30 interceptions au premier semestre 2024.»
Le roi Mohammed VI a gracié récemment plus de 4 800 agriculteurs faisant l’objet de poursuites ou condamnés dans des affaires de culture illégale du cannabis. L’objectif de cette grâce est de permettre «aux bénéficiaires de s’intégrer dans la nouvelle stratégie» lancée après la légalisation partielle de la production de cannabis à des fins thérapeutiques.