Durant son discours à la conférence de l’AFD, le président français insiste sur l’importance d’une étroite collaboration entre les deux continents.
«Si l’Afrique ne réussit pas, l’Europe échouera, les nationalismes triompheront, les conflits migratoires se multiplieront et les herses se redresseront. Je ne veux pas de ce projet politique», a lancé Emmanuel Macron mercredi 16 février à Paris.
«Les deux continents sont liés. Quand bien même il se pourrait que des gens en doutent, en France et en Europe, ils ne pourront réussir s’ils n’aident pas l’Afrique à réussir. Même s’ils n’aiment pas l’Afrique, leur intérêt, leur intérêt égoïste c’est que l’Afrique réussisse», a-t-il plaidé en clôturant une conférence de l’AFD (Agence française de développement). Le chef de l’État a aussi appelé à une «nouvelle alliance» entre l’Europe et l’Afrique et «un partenariat d’égal à égal», à la veille d’un sommet UE/Union africaine à Bruxelles. Pour «renouveler le regard», il a souhaité que dans les prochaines semaines l’AFD change de noms car les mots d’«aide au développement, ça ne passe plus», a-t-il déclaré.
«Investissement solidaire»
Lors du sommet sur l’Afrique à Montpellier en octobre, «des jeunes Africains m’ont dit: “on ne veut pas d’aide et on n’a pas besoin d’être développés”. Je le comprends», a-t-il poursuivi, estimant que cela pouvait être perçu comme une attitude «en surplomb» voire de l’arrogance et proposé de parler plutôt d’«investissement solidaire». «L’AFD a lancé un large processus de consultations pour réfléchir au nom. Je souhaite que dans les prochaines semaines nous puissions parachever ces travaux», a-t-il conclu.
En outre, les institutions financières et de développement européennes vont mobiliser 30 milliards d’euros entre 2021 et 2027 pour l’Afrique subsaharienne, dans le cadre d’un projet européen d’investissements sur le continent. L’objectif est «d’apporter des financements à l’échelle des enjeux en Afrique, avec toute la famille des banques publiques de développement et en format Team Europe», selon le directeur général de l’AFD Rémy Rioux. Alors que le sentiment anti-français au Mali risque d’entraîner un retrait des troupes françaises, le chef de l’État a tenu à récapituler ses mesures pour apaiser les relations entre France et Afrique.
Il a cité la fin du franc CFA, la reconnaissance de la responsabilité de la France dans le génocide au Rwanda ou encore la restitution d’œuvres d’art. L’enjeu pour l’Europe est aussi de maintenir sa place sur un continent africain où elle désormais concurrencée par l’appétit de la Chine et de la Russie.