Au moins dix civils et un policier ont été tués dans cet hôtel de la plage du Lido fréquenté par des responsables gouvernementaux.
Au moins onze personnes ont été tuées dans une attaque d’envergure sur un hôtel de Mogadiscio, en Somalie, dimanche 16 août, selon un bilan officiel. Il a fallu quatre heures aux forces de sécurité pour reprendre le contrôle de l’hôtel Elite, un établissement de la plage du Lido fréquenté par les dirigeants somaliens que cinq djihadistes ont pris d’assaut en début de soirée, a rapporté à l’Agence France-Presse (AFP) Ismael Mukhtaar Omar, un porte-parole du ministère de l’information.
«Dix personnes sont mortes, ainsi que cinq assaillants et un policier des forces spéciales somaliennes», a-t-il ajouté.
L’attaque a débuté par l’explosion d’une voiture piégée près de l’hôtel Elite, puis des hommes armés ont investi l’établissement où des coups de feu ont été entendus. Trois autres assaillants ont été tués, un lors de l’explosion de la voiture piégée et les deux autres dans un échange de tirs avec les forces de sécurité, avait détaillé plus tôt une source sécuritaire.
Il a ajouté que «le bilan des morts» pouvait encore augmenter car l’explosion de la voiture piégée qui a précédé l’attaque de l’établissement par des hommes armés «a été massive». Une compagnie privée, Aamin Ambulance, a chiffré le nombre de blessés à au moins 28.
Les djihadistes shebab revendiquent l’attaque
Des témoins ont confirmé que l’attaque de l’hôtel Elite avait débuté par une forte explosion et qu’ensuite des gens fuyaient en courant le secteur de l’établissement où des coups de feu étaient entendus. Ce type d’opération porte la marque de celles habituellement menées par les djihadistes shebab dans la capitale somalienne.
«L’explosion a été très forte et j’ai vu de la fumée dans la zone, c’est le chaos et les gens fuient les bâtiments alentour», selon l’un de ces témoins, Ali Sayid Adan. Les shebab ont revendiqué l’attaque dans un communiqué à SITE, groupe de surveillance des sites islamistes, affirmant que leurs «martyrs» avaient «pris le contrôle de l’hôtel» et qu’ils avaient infligé «de lourdes pertes» aux personnes qui y étaient présentes.
Parmi les morts figure au moins un haut fonctionnaire du ministère de l’information, Abdirasak Abdi, selon l’un de ses collègues, Hussein Ali.
Les hôtels, une «extension du gouvernement»
Les hôtels ont longtemps été la cible des shebab. En février 2019 une attaque de près de 24 heures avait fait au moins 20 morts à Mogadiscio. Un mois plus tôt, ils avaient attaqué un hôtel de luxe de Nairobi, tuant 21 personnes et démontrant la capacité des shebab à agir en dehors des frontières somaliennes.
Leur dernière action massive à Mogadiscio remonte à décembre 2019 : ils avaient fait exploser un véhicule piégé, tuant 81 personnes, essentiellement des civils.
Dans leur revendication de l’attaque de dimanche, les shebab soulignent que l’hôtel Elite «est habité par un grand nombre de responsables gouvernementaux». Selon Omar Mahmood de International crisis group (ICG), s’en prendre de nouveau à un hôtel est pour les shebab «un retour aux attaques qu’ils avaient l’habitude de mener». Ils voient «plus ou moins ces hôtels comme une extension du gouvernement, raison pour laquelle ils les ciblent».
Chaos
Lundi, au moins quatre personnes ont été tuées dans des échanges de coups de feu à l’intérieur de la prison centrale de Mogadiscio après que des prisonniers ont réussi à s’emparer d’armes détenues par leurs gardiens. Tous les prisonniers impliqués dans l’incident étaient des islamistes radicaux shebab, dont certains purgeaient une peine de prison à perpétuité.
La Somalie a plongé dans le chaos après la chute du régime militaire du président Siad Barre en 1991, suivie d’une guerre de chefs de clans et de la montée en puissance des shebab. Chassés de la capitale somalienne en 2011, les shebab ont ensuite perdu l’essentiel de leurs bastions. Mais ils contrôlent toujours de vastes zones rurales d’où ils mènent des opérations de guérilla et des attentats-suicides y compris dans la capitale, contre des objectifs gouvernementaux, sécuritaires ou civils. Affiliés à Al-Qaïda, ils ont juré la perte du gouvernement somalien, soutenu par la communauté internationale et par les 20 000 hommes de la force de l’Union africaine en Somalie (Amisom).