Un an aura été nécessaire pour arriver à cet accord, tant était profonde la méfiance entre les parties. Plusieurs accords de paix ont déjà échoué, comme celui de 2006 à Abuja, au Nigeria, et celui de 2010 au Qatar.
Les autorités soudanaises et plusieurs mouvements rebelles ont paraphé un accord de paix lundi 31 août à Juba, capitale du Soudan du Sud, qui doit en principe mettre fin à dix-sept ans de guerre. Les accords ont été paraphés en deux temps : d’abord les mouvements rebelles du Darfour, où la guerre débutée en 2003 a fait dans les premières années au moins 300 000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU, puis le mouvement rebelle du Kordofan du Sud et du Nil Bleu, où la guerre a affecté 1 million de personnes.
Pour les autorités, c’est le vice-président du Conseil de souveraineté, Mohamed Hamdane Daglo – accusé d’avoir commis des « atrocités » au Darfour durant la guerre civile –, qui a signé l’accord. Encore plus symbolique : les ennemis d’hier, à savoir M. Daglo et les chefs des mouvements rebelles, regroupés au sein du Front révolutionnaire soudanais (FRS), se sont serré la main et ont même esquissé quelques pas de danse.
L’accord a également été paraphé, en tant que témoin, par le chef de l’Etat du Soudan du Sud, Salva Kiir. Ce dernier avait pris place à la tribune, sous une banderole précisant «Comité de médiation pour les pourparlers de paix», aux côtés du général Abdel Fattah Al-Burhane, qui préside le Conseil souverain à la tête du Soudan, et le premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok.
Un an de négociations
Après l’échec de plusieurs accords de paix, comme celui de 2006 à Abuja, au Nigeria, et celui de 2010 au Qatar, les adversaires d’hier ont compris qu’il ne s’agissait pas seulement d’une question de sécurité. Ils sont allés au fond des problèmes qui empoisonnent le pays depuis son indépendance en 1956.
Avant la cérémonie officielle, les représentants des différentes parties ont apposé ce week-end leurs initiales sur les huit protocoles constituant l’accord de paix : sécurité, propriété foncière, justice transitionnelle, réparations et compensations, développement du secteur nomade et pastoral, partage des richesses, partage du pouvoir et retour des réfugiés et des déplacés. L’accord stipule que les mouvements armés devront à terme être démantelés et que leurs combattants devront rejoindre l’armée régulière, qui sera réorganisée pour être représentative de toutes les composantes du peuple soudanais.
Ces négociations de paix étaient la priorité du nouveau gouvernement de Khartoum. «Tous les programmes du gouvernement sont basés sur la paix et si la paix n’est pas atteinte, aucun des programmes du gouvernement de transition ne sera réalisé», a expliqué à la presse Fayçal Mohamed Saleh, porte-parole du gouvernement.
Du chemin reste encore toutefois à parcourir, d’autant que deux groupes n’ont pas participé lundi : le Mouvement de libération du Soudan (MLS) d’Abdelwahid Al-Nour et le Mouvement populaire de libération du Soudan-Nord (MPLS-N) d’Abdelaziz Al-Hilu. «Il s’agit d’un premier tour et nous espérons qu’il y aura un autre cycle de négociations avec ces deux groupes», a relevé M. Saleh.