Le procès pour corruption du président déchu Omar el-Béchir, au pouvoir durant trois décennies, s’est ouvert lundi au Soudan, où le processus de transition vers un pouvoir civil attend toujours son premier acte concret avec la désignation des membres du conseil souverain.
L’ex-chef de l’Etat, déposé par l’armée le 11 avril en réponse à des manifestations massives populaires, est arrivé dans la matinée devant un tribunal de Khartoum, escorté par un imposant convoi militaire, a constaté un journaliste de l’AFP.
Détenu dans une prison de Khartoum, M. Béchir, 75 ans, a été informé par le parquet qu’il faisait face à des accusations de « possession de devises étrangères, de corruption » et trafic d’influence.
M. Béchir est accusé d’avoir reçu 90 millions de dollars du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane. Fin avril, le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhane, avait affirmé que l’équivalent de plus de 113 millions de dollars avaient été saisis en liquide dans la résidence de l’ex-président à Khartoum.
En mai, le procureur général avait également déclaré que M. Béchir avait été inculpé pour des meurtres commis lors des manifestations anti-régime ayant conduit à son éviction, sans que l’on sache quand il devra répondre de cette accusation. Le procès de l’ancien président devait s’ouvrir samedi, jour de la signature d’un accord de transition historique entre le Conseil militaire au pouvoir depuis avril et la contestation. Mais il avait été reporté sine die.
Un procès en trompe-l’œil pour épargner au Président déchu un procès à l’international. Amnesty International a averti la semaine dernière que son procès pour corruption ne devait pas détourner l’attention des accusations plus lourdes auxquelles il est confronté à La Haye.
M. Béchir, qui a dirigé le pays d’une main de fer après un coup d’État soutenu par les islamistes en 1989, fait l’objet de mandats d’arrêt internationaux de la Cour pénale internationale (CPI), pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, au cours de la guerre au Darfour (ouest), où une rébellion a éclaté en 2003.
L’ONU affirme que le conflit a fait plus de 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés, et que des centaines de milliers de personnes vivent encore dans des camps misérables et appauvris plus d’une décennie et demie plus tard.