À 27 ans, Salma al-Majidi est présentée par la Fifa comme la première soudanaise à entraîner un club de football masculin.
Au Soudan, une équipe nationale féminine de football demeure un rêve lointain. Mais Salma al-Majidi a brisé les barrières en devenant la première coach d’un club de foot masculin.
A 27 ans, elle est présentée par la Fifa, la fédération internationale de football, comme la première femme arabe et soudanaise à prendre en charge une équipe d’hommes dans le monde arabe où ce sport est omniprésent.
« Pourquoi le football ? Parce que c’est mon premier et dernier amour », dit cette célibataire en jogging et haut à manches longues, les cheveux dissimulés sous un voile noir, lors d’une séance d’entraînement du club régional Al-Ahly à Al-Gadaref, à l’est de Khartoum.
« Je suis devenue coach car il n’y a toujours pas de place pour le football féminin au Soudan », ajoute celle que son équipe surnomme affectueusement « Sister coach ». Fille d’un policier à la retraite, elle avait 16 ans quand elle est tombée amoureuse du foot.
Elle se rendait souvent à l’entraînement de l’équipe de son plus jeune frère, à l’école, et était captivée par les instructions du coach et par chacun de ses gestes. Même la façon dont il disposait les plots, dit-elle. « A la fin de chaque séance, je discutais avec lui des techniques enseignées », raconte Salma al-Majidi, en regardant « ses » joueurs évoluer sur un terrain en terre poussiéreux. « Il a vu que j’avais un don pour l’entraînement et m’a donné une chance de travailler avec lui ».
Au Soudan, pays régi par la loi islamique depuis 1983, il n’y a pas de loi interdisant le football féminin mais la société conservatrice ainsi que le gouvernement à domination islamiste font qu’il n’est pas encouragé.
« Il y a des restrictions mais je suis déterminée à réussir », assure Salma al-Majidi, au milieu d’un nuage de poussière s’élevant après les coups francs tirés par les joueurs.
Le parcours de celle qui rêve de s’occuper un jour d’une équipe internationale n’a pas été facile. « Le Soudan est une communauté de tribus dont certaines estiment qu’une femme doit rester à la maison », indique Salma al-Majidi, titulaire d’un diplôme universitaire de comptabilité et de gestion. Mais depuis l’enfance, Aïcha al-Charif savait que sa fille était différente. « Salma a toujours préféré porter des pantalons. Et elle regardait toujours les garçons jouer au football », dit-elle.