L’hospitalisation secrète de Brahim Ghali à Logroño a déclenché durant un an une crise diplomatique majeure entre Madrid et Rabat. L’ancienne ministre espagnole déchue Arancha González Laya assume, pour la première fois, son rôle dans le scandale.
Le tribunal provincial de Saragosse a provisoirement classé l’affaire Brahim Ghali, dont l’hospitalisation à Logroño (nord) avec une complicité de l’Algérie a déclenché une crise diplomatique majeure entre l’Espagne et le Maroc, dont le point culminant a été la suspension durant des mois de tous types de relations.
Pour les magistrats en charge de l’enquête, il est «incontestable que Brahim Ghali est entré sur le territoire espagnol sans se soumettre aux contrôles frontaliers» et il est «indéniable qu’Arancha González Laya était au courant» de son arrivée et «a pris une part active dans les préparatifs».
Le chef du Polisario, soupçonné de crimes contre l’humanité, était arrivé le 18 avril 2021 dans le plus grand secret, à bord d’un avion médicalisé de la présidence algérienne et muni d’un «faux passeport diplomatique», selon nos révélations. Il avait ensuite été admis dans un l’hôpital de Logroño sous un faux nom et avec des papiers falsifiés avec le concours de plusieurs membres du gouvernement espagnol.
L’ancienne ministre des Affaires étrangères, virée après ce scandale, a été soupçonnée de «prévarication, de faux et usage de faux et de dissimulation». Non seulement elle s’est dite favorable à accueillir Brahim Ghali encore une fois (lequel a tué des Espagnols de sang froid), mais elle a déclaré aussi qu’il «faut réfléchir à la politisation de la justice et à la judiciarisation de la politique. Ce que nous faisons avec cela génère un grand discrédit pour la justice mais aussi pour la politique, deux fonctions de notre démocratie qui doivent garder leur crédibilité.»
Durant son séjour à Saragosse, Brahim Ghali a été entendu par la justice espagnole dans le cadre de deux plaintes le visant pour «tortures» et «génocide». La décision du juge de ne pas prendre de mesure coercitive à son encontre a ouvert la voie à un départ controversé qui a choqué les victimes.
Arancha González veut offrir l’hospitalité à un criminel qui a été entendu par un juge du haut tribunal madrilène de l’Audience nationale, car il est visé par deux plaintes en Espagne, où il ne peut se rendre sans crainte d’être arrêté.
La plus récente, pour «arrestation illégale, tortures et crimes contre l’humanité», a été déposée en 2020 par Fadel Breika, dissident du Front Polisario naturalisé espagnol, qui a affirmé devant les autorités judiciaires espagnoles avoir été victime de «tortures» dans les camps de réfugiés sahraouis à Tindouf, en Algérie.
L’autre avait été déposée par l’Association sahraouie pour la défense des droits de l’homme (Asadedh) pour «génocide», «assassinat», «terrorisme», «tortures» ou «disparitions», commis là encore dans les camps de Tindouf.