La saison agricole 2015-2016 ne s’annonce pas sous de bons auspices, elle serait même compromise et le spectre de la sécheresse plane sur l’ensemble du pays.
Déjà en décembre dernier, la sonnette d’alarme a été tirée par les spécialistes. « L’espoir est encore permis. Mais au fil des jours, les chances de sauver les meubles s’amenuisent », avait averti Ahmed Derrab, SG de l’Association des producteurs d’agrumes du Maroc (ASPAM).
Un mois après, la pluie se fait encore désirer et face à cette situation, le gouvernement de Abdelilah Benkirane que la baraka semble bouder cette fois-ci, sait qu’il est temps de cesser de scruter le ciel immaculé d’un bleu qui crève les yeux, et de s’atteler à l’élaboration d’une politique à même de sauver ce qui reste.
Encore une fois, il aura fallu l’intervention du roi Mohammed VI pour qu’on sache de quoi il retourne.
C’est chose faite depuis hier jeudi lorsque le souverain a convoqué le chef du Gouvernement et son ministre de l’agriculture Aziz Akhennouch.
Les deux hommes ont ainsi été invités à prendre des mesures nécessaires face au retard enregistré dans les précipitations et limiter ses effets sur l’activité agricole, indique un communiqué du Cabinet Royal.
Parmi ces mesures, l’approvisionnement en eau potable des villages éloignés et excentrés qui sont dans le besoin, la protection des ressources animales à travers l’approvisionnement du bétail en aliments et en eau dans les meilleures conditions, ainsi qu’un suivi précis de la situation sanitaire du cheptel. Il y a ensuite la protection des ressources végétales et particulièrement les acquis en termes de plantations réalisées dans le cadre de l’agriculture solidaire dans son volet reconversion, et la reconversion aux cultures de printemps fortement encouragée.
L’heure est en effet grave. Finie la lune de miel entre la nature et le gouvernement. Celui-ci devra faire face à cette situation inédite depuis des années et qui touche un secteur des plus vitaux pour ne pas le plus vital. Telle une malédiction pour ce gouvernement à quelques mois de la fin de son mandat, la colère du ciel à laquelle on espère ne s’ajoutera pas celle des marchés pétroliers, fait que la menace de la sécheresse fausse ainsi tous les pronostics et met fin à la valse des taux de croissance qu’on n’ cessé de débiter, à longueur de mois et à coups de prévisions aussi contradictoires que ce gouvernement en patchwork. « Gouverner c’est prévoir » disait Emile De Girardin, mais chez nous « gouverner c’est pleuvoir ». Mais comme il ne pleut plus, on ne gouverne plus, on expédie les affaires courantes.
Pour l’instant, ce sont les agriculteurs qui vont en pâtir, après viendront les consommateurs autrement dit le peuple, déjà soumis à des « plans structurels » imposés par le gouvernement, auxquels s’ajoute la « punition divine » que les différentes prières rogatoires n’ont pas réussi à atténuer.
Déjà en novembre dernier, le ministère de l’agriculture faisait état d’un déficit pluviométrique de 47% par rapport à une campagne normale, soit un déficit de 60 mm.
Le plan d’urgence anti-sécheresse dont on a beaucoup parlé mobiliserait ainsi une enveloppe budgétaire de 1,5 à 2 milliards de Dirhams. Cependant, le communiqué du cabinet royal ne précise pas si ce plan a été présenté ou validé par le roi Mohammed VI, mais en attendant, avec l’intervention du chef de l’état, les choses vont certainement s’accélérer pour qu’on puisse enfin porter assistance aux victimes que sont d’abord les agriculteurs. Quant au taux de croissance qui subit les aléas du climat, il est réduit en peau de chagrin, à peine 1,3 % selon le HCP.





