Le ministère de la Santé a ouvert hier les prises de rendez-vous pour la vaccination contre le nouveau coronavirus, première étape d’une campagne nationale gratuite et graduelle prévue dès cette semaine.
Selon un communiqué du ministère, les premières injections seront réservées en priorité aux professionnels de la santé de plus de 40 ans, aux autorités publiques, aux militaires, aux enseignants de plus de 45 ans, mais aussi aux plus de 75 ans et ce, dans les zones marquées par d’importants taux de contamination.
Cette décision a fait sourciller les internautes qui estiment que ce choix de ciblage « priorise des catégories d’âges qui ne sont pas à risque de formes graves, d’admissions en réanimation ou de décès ».
Contacté par Barlamane.com/fr, Jaafar Heikel, épidémiologiste, professeur de médecine préventive, spécialiste des maladies infectieuses, affirme qu’il ne s’agit aucunement d’un problème de ciblage.
« Il faut uniquement analyser les chiffres avec raison et célérité. Il faut également souligner que les professionnels de santé ainsi que les agents stratégiques, à savoir les militaires, les policiers, les agents de sécurité et les enseignants, sont les plus exposés au risque de se contaminer au coronavirus (…) On commence par la priorité en fonction des catégories d’âge décidées », indique-t-il.
« Il y a un minimum de doses à distribuer en cette première phase, nous recevrons prochainement d’autres lots et c’est à ce moment-là que la campagne de vaccination va être élargie. Dans la 2e phase, les personnes âgées entre 65 ans et 75 ans seront vaccinées. Par la suite, la campagne de vaccination concernera les catégories des 45-65 ans et puis 18-45 ans », poursuit-il.
L’épidémiologiste note qu’il s’agit d’une question de repositionnement de la priorité de la population cible. « Il fallait faire un choix qui est difficile mais qui dépend de la gradation du risque (…) Nous avons constaté que les risques de complications (de gravité et de létalité) sont plus fréquents chez ces catégories. Ce n’est donc pas une erreur de ciblage », insiste-t-il.
Il rappelle que le Maroc a fait l’acquisition de 65 millions de doses entre les deux vaccins Sinopharm et AstraZeneca pour « vacciner toute la population si cela devient nécessaire ». « Aujourd’hui, les autorités compétentes ont décidé de prioriser la vaccination d’une population cible bien choisie et qui représente quelque 25 millions de Marocains », relève le spécialiste des maladies infectieuses.
« Il est désormais indispensable que la population cible adhère à ce processus qui est unique dans l’histoire de la santé publique puisqu’il s’agit de la première fois que le Maroc vaccine autant de personnes adultes. Si nous ne vaccinons pas au minimum 60% de la population, l’idéal étant 80% de la population, nous n’atteindrons pas l’immunité collective nécessaire pour freiner la propagation du virus », conclut-il.
Rappelons que pour la réussite de cette opération, la majorité des professionnels de santé est mobilisée et 2 880 établissements de soins de santé primaires ont été désignés, ainsi qu’un nombre important de stations qui y seront rattachées pour développer les activités de vaccination, selon deux modes : mode fixe (la population se déplace vers la station vaccinale) et mode mobile (déplacement des équipes rattachées à la station, vers des points mobiles selon un programme préétabli dont le nombre est arrêté lors de la planification locale en 7 000 points).