L’entrée en vigueur de l’accord instituant la ZLECAF s’inscrit, selon Tayeb Ghazi, économiste au Policy Center for the New South, dans la continuité des aspirations anciennes pour intégrer les marchés africains et faire de cette intégration un vecteur de prospérité et de développement.
L’adoption de l’accord portant création de la Zone de libre-échange continentale africaine se présente comme un deuxième pas sur le chemin du rêve panafricain d’une communauté économique continentale, le premier étant la création des Communautés économiques régionales (CER), affirme le chercheur.
Pour Tayeb Ghazi, l’entrée en vigueur de la ZLECAF est « également importante pour la consolidation de la croissance, la création d’emplois de qualité, la promotion de la sécurité sociale ainsi que pour la réduction de la vulnérabilité de certains pays à la dégradation des cours des produits de base et aux chocs extérieurs. En effet, des mutations en faveur d’un mouvement de travailleurs des formes d’emplois à faible productivité vers des emplois à plus forte productivité peuvent constituer un catalyseur important de croissance économique et un levier de création d’emplois décents ».
Il ajoute que la priorité pour réussir les objectifs de la ZLECAF et d’autres initiatives africaines est « d’éliminer les contraintes pesant sur l’aboutissement d’une transformation structurelle en faveur d’une plus grande productivité et croissance, mais aussi de création d’emplois décents et de complémentarités continentales, entre autres ».
L’entrée en vigueur de cette initiative panafricaine devrait ainsi relancer les discussions continentales sur l’initiative 2008 de développement industriel accéléré pour l’Afrique (AIDA), et concentrer les efforts sur le plan d’action pour stimuler le commerce intra-africain (BIAT), qui est le frère jumeau de la ZLECAF. A ce titre, il rappelle que l’AIDA fixe comme objectif la maximisation de l’utilisation des capacités productives et des intrants locaux, la valorisation et la transformation locale des ressources naturelles, alors que le BIAT adopte comme cible d’approfondir l’intégration des marchés en Afrique et de faire du commerce un instrument plus efficace de réalisation d’un développement socioéconomique rapide et viable.
Il note aussi qu’une transformation structurelle s’annonce indispensable pour atténuer certains effets négatifs de la mise en œuvre de l’accord de la Zone de libre-échange continentale, tels que la hausse des inégalités des revenus et du chômage. Cela ne peut se faire dans un contexte de rigidité des règlements de travail et de manque de mécanismes de sécurité sociale. « En outre, des modèles de flexisécurité adaptés à la réalité des économies africaines, dominée par l’informel, s’annoncent capitaux. L’output décisif de ces modèles est la réussite d’un juste équilibre entre flexibilité du marché du travail, protection sociale, politiques actives du marché du travail et formation de la main-d’œuvre, notamment sous le prisme d’apprentissage tout au long de la vie qui permet, entre autres, la mobilité et la reconversion », conclut-il.