Le chef de la diplomatie américaine est attendu pour une visite éclair en Israël, où il doit rencontrer le premier ministre israélien et le président de l’autorité palestinienne.
Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken est arrivé ce lundi 30 janvier à Tel-Aviv pour une visite éclair qui le conduira à Jérusalem et Ramallah, a constaté un journaliste de l’AFP, sur fond d’une nouvelle spirale de violences israélo-palestiniennes meurtrières. Il était en fin de matinée au Caire avec son homologue égyptien, Sameh Shoukry.
Antony Blinken doit notamment rencontrer ce lundi à Jérusalem le premier ministre israélien Benyamin Netanyahou et mardi 31 janvier à Ramallah le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas, auprès desquels il doit réitérer son appel à la retenue.
Appel à la désescalade
«Nous appelons toutes les parties au calme et à apaiser les tensions», a lancé Antony Blinken lors d’une conférence de presse aux côtés de son homologue égyptien Sameh Choukri qui a plaidé pour «une solution juste» au conflit israélo-palestinien plus que jamais dans l’impasse.
L’Égypte, sa diplomatie et surtout ses services de renseignement, sont régulièrement sollicités pour intervenir dans la question palestinienne : premier pays arabe à avoir signé la paix avec Israël en 1979, et État voisin de la bande de Gaza sous blocus israélien depuis plus de 15 ans, l’Égypte reçoit tout autant les chefs de gouvernement israéliens que les dirigeants des différents partis palestiniens. De nouveau, la présidence égyptienne a assuré que «l’Égypte avait mené ces derniers jours des efforts pour tenter de contrôler la flambée de tensions».
Des tensions grandissantes
Car une nouvelle fois, les morts côté palestinien comme israélien se multiplient ces derniers jours : attentats, fusillades, raids aériens et mesures punitives ne cessent de se répondre malgré les appels internationaux à la «retenue». Dans la foulée d’attaques anti-israéliennes, le gouvernement de Benyamin Netanyahou, le plus à droite de l’histoire d’Israël, a annoncé des mesures visant à punir les proches des auteurs d’attentats.
Ce dimanche, les forces israéliennes ont mis sous scellés la maison de la famille d’un Palestinien qui a tué six Israéliens et une Ukrainienne vendredi 27 janvier à Jérusalem-Est, la partie palestinienne de la ville sainte occupée par Israël, en vue de la détruire. La maison d’un Palestinien qui a blessé samedi 28 janvier deux Israéliens, un père et son fils, également à Jérusalem-Est, devait être aussi mise sous scellés.
Des gardes israéliens ont tué dimanche 29 janvier un Palestinien en Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967. Lundi 23 janvier, les forces israéliennes ont tué un Palestinien à Hébron en Cisjordanie, selon les autorités palestiniennes. Les attaques anti-israéliennes ont eu lieu après un raid israélien le plus meurtrier depuis des années en Cisjordanie avec dix Palestiniens tués à Jénine, suivi de tirs de roquettes de Gaza vers Israël et de frappes israéliennes de représailles. Ces violences font craindre un nouvel engrenage et Antony Blinken doit de nouveau réitérer l’appel américain à la retenue ce lundi auprès de Benyamin Netanyahou puis auprès du président palestinien Mahmoud Abbas.
Impasse du conflit israélo-palestinien
Si les États-Unis et l’Égypte, l’un des principaux bénéficiaires de l’aide militaire américaine, sont des acteurs diplomatiques de poids, il n’en reste pas moins que pour les experts, la marge de manœuvre d’Antony Blinken paraît limitée. Washington a condamné une attaque «épouvantable» à Jérusalem-Est et Antony Blinken va enjoindre Benyamin Netanyahou et Mahmoud Abbas à «prendre urgemment des mesures en vue d’une désescalade» selon le département d’État.
Mais, en privé, des responsables américains ne cachent pas leur frustration face à l’escalade et l’impasse dans laquelle se trouve le conflit israélo-palestinien. Si peu d’avancées sont attendues sur le front de la désescalade, Washington tente surtout de renouer avec Benyamin Netanyahou, selon les analystes. Des responsables se sont récemment succédé à Jérusalem et certains experts évoquent une possible venue de Benyamin Netanyahou à la Maison-Blanche dès février.
Évocation du Soudan
Sur le front diplomatique égyptien, Antony Blinken a assuré à Sameh Choukri le soutien des États-Unis pour une solution diplomatique à la dispute entre l’Égypte, le Soudan et l’Éthiopie autour du méga-barrage d’Addis Abeba sur le Nil. Ce soutien américain intervient après une déclaration surprise, du chef de facto du Soudan, le général putschiste Abdel Fattah al-Burhane, qui s’est dit la semaine dernière «d’accord sur tous les points» avec l’Éthiopie, semblant retirer son soutien à l’Égypte dans le dossier du barrage.
Antony Blinken a également évoqué l’impasse politique au Soudan, où les civils peinent à revenir au gouvernement, et en Libye où il a dit vouloir voir des élections rapidement. Et il est revenu sur la question des droits humains en Égypte, un dossier sur lequel le président Joe Biden promettait l’intransigeance au début de son mandat. Antony Blinken a ainsi dit espérer la libération des plus de 60.000 détenus politiques dans le pays et l’ouverture du «dialogue national» promis depuis près d’un an par le pouvoir.