Le Directeur du Bureau central des investigations judiciaires (BCIJ), Abdelhak Khiam a exprimé son inquiétude, voire ses critiques face à « l’entêtement » de l’Algérie à ne pas coopérer avec le Maroc en matière de renseignements, alors que ce pays fait face à une infiltration inquiétante d’Al Qaeda au Maghreb Islamique (Aqmi).
M. Khiam qui s’exprimait dans un entretien accordé au site français « Mondeafrique.com », a indiqué que la situation qui sévit au sud de ce pays à la frontière avec le Mali constitue « une bombe à retardement » d’où la nécessité pour les autorités algériennes de coopérer avec le Maroc notamment pour éradiquer le terrorisme.
Interrogé sur les derniers attentats de Bruxelles, le patron du FBI ( version marocaine) dit ne pas comprendre qu’il y ait eu un certain relâchement pour ne pas dire un « laxisme » de la part des autorités belges face à ces jeunes qui se sont radicalisés après avoir été marginalisés. Loin de lui de critiquer les renseignements belges, Abdelhak Khiam souligne toutefois qu’il aurait fallu surveiller de près ces jeunes issus du banditisme, qui se sont déplacés dans les foyers de tension et sont revenus au pays. Il dit attendre, comme tout le monde, les résultats de l’enquête sur ces attentats.
Le chef du BCIJ refuse, par ailleurs, qu’on parle de belges d’origine marocaine ou maghrébine, soulignant que ces individus sont nés et ont été éduqués en Belgique. Et d’insister que de toute façon, « le terrorisme n’a ni religion ni nationalité ».
Il s’est félicités de la coopération entre les services de renseignements des deux pays, qui, a-t-il dit « fonctionne ».
Pour ce qui est de la coopération avec les français, M. Khiam a rappelé les informations cruciales fournies par les marocains à la suite des attentats du 13 novembre dernier à Paris, et qui ont permis de localiser le « cerveau » de ces actes, Abdelhamid Abaaoud. A cet égard, il a affirmé que son frère, qui avait été incarcéré au Maroc pour apologie du terrorisme, avant les attentats, ne savait rien de l’endroit où s’était caché Abaaoud et « je peux le confirmer ».
Le patron du BCIJ a d’autre part insisté sur le facteur humain en matière de lutte contre le terrorisme, soulignant que même avec les dernières techniques, il serait adhérent de négliger les moyens humains.
Lors de cet entretien, Abdelhak Khiam a rappelé la politique menée par le Maroc en matière de prévention du terrorisme, citant à cet égard la formation et la mise à niveau d’imams, de mourchidates, et le rôle joué par le Conseil des Oulémas seul habilité à émettre des fatwas.