Patrick Calvar, le patron du renseignement intérieur en France, est «persuadé» que Daech va faire évoluer son mode opératoire en France pour éviter «d’aller à l’assaut avec la mort à la clef». Il craint notamment que l’organisation terroriste passe «au stade des véhicules piégés et des engins explosifs».
Les terroristes de Daech qui ont endeuillé le pays en mitraillant les terrasses et le Bataclan, puis en menant des attaques kamikazes au Stade de France en novembre dernier pourraient encore intensifier leurs frappes en changeant de méthode. Cette sombre hypothèse est celle de Patrick Calvar, directeur général de la sécurité intérieure (DGSI).
Dans une audition menée à huis clos le 24 mai dernier à l’Assemblée nationale par la commission d’enquête relative aux moyens mis en oeuvre par l’Etat pour lutter contre le terrorisme depuis le 7 janvier 2015, ce professionnel incontesté l’assure: «Je suis persuadé qu’ils passeront au stade des véhicules piégés et des engins explosifs, et ainsi qu’ils monteront en puissance». «Ils vont finir par projeter des commandos dont la mission consistera à organiser des campagnes terroristes sans nécessairement aller à l’assaut avec la mort à la clef.» «Pour cela, il leur faut des artificiers et organiser toute une logistique, c’est-à-dire s’installer sur notre territoire, acquérir tous les produits», poursuit Patrick Calvar.
Sur le front de la lutte antiterroriste, qui mobilise désormais plus de deux tiers des capacités de la DGSI, Patrick Calvar maintient que «la menace la plus forte est représentée par des gens qui ont combattu, qui ont été entraînés en Syrie et en Irak, à l’exemple de ceux qui ont attaqué le Bataclan (..)». Selon lui, «ce sont ceux-là qui mèneront les actions terroristes d’ampleur». «Ils sont au nombre de 400 à 500», estime le patron du renseignement français.
« Des milliers de Tunisiens, de Marocains et d’Algériens peuvent être projetés sur notre territoire », ajoute-t-il. « Mon souci, c’est que je n’ai aucune visibilité sur les francophones issus d’Afrique du Nord qui, par des alliances linguistiques puis opérationnelles nouées là-bas – puisqu’ils ont combattu ensemble – peuvent s’engager dans un projet ou être désignés pour être partie prenante au même projet ». Au total, son service suivrait près de « de 2000 personnes » sans compter les « Nord-Africains ».






