Un chercheur de l’Institut français de la recherche médicale (Inserm) et un chef de service d’un hôpital parisien ont présenté vendredi leurs excuses après leurs propos polémiques, dans lesquels ils proposent de tester un vaccin en Afrique considérée par eux, terre de cobayes, contre le coronavirus.
Dans une émission diffusée mercredi après-midi sur la chaîne LCI, Camille Locht, directeur de recherche à l’Inserm à Lille, était interrogé sur des recherches menées autour du vaccin BCG contre le covid-19. Invité en plateau, Jean-Paul Mira, chef de service de médecine intensive et réanimation à l’hôpital Cochin, lui a alors demandé : « Si je peux être provocateur, est-ce qu’on ne devrait pas faire cette étude en Afrique, où il n’y a pas de masques, pas de traitement, pas de réanimation, un peu comme c’est fait d’ailleurs sur certaines études avec le sida, ou chez les prostituées : on essaie des choses parce qu’on sait qu’elles sont hautement exposées. Qu’est-ce que vous en pensez? ». « Vous avez raison », a répondu le chercheur.
Cet échange de propos racistes a soulevé un tollé d’indignations un peu partout dans le monde. Des associations, des partis politiques, et même des stars internationales comme Didier Drogba ont exprimé leur mécontentement à l’égard de ces propos.
« Non, les Africains ne sont pas des cobayes ! », s’est ensuite indignée “SOS Racisme” dans un communiqué, dénonçant « à l’endroit des corps noirs un mépris » et la comparaison avec le sida et les prostituées « problématique » et « malvenue ». Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a même été saisi par l’association. « Nous attendons de la part de LCI une condamnation sans appel de ces propos inacceptables », a réagi pour sa part le Parti socialiste. Jusqu’a présent la chaîne d’information en continu n’a fait aucun communiqué à ce propos, des pétitions demandant des excuses officielles circulent sur la toile.
Dans un communiqué des hôpitaux de Paris, Jean-Paul Mira a présenté ses « excuses les plus sincères » à « celles et à ceux qui ont été heurtés, choqués, qui se sont sentis insultés par des propos que j’ai maladroitement prononcés sur LCI cette semaine ». « Depuis hier, il subit ainsi que sa famille des menaces de mort réitérées et très inquiétantes. Il a été contraint de déposer plainte » pour « menaces de mort » sur personnel soignant et « appels téléphoniques malveillants », ont indiqué ses avocats à l’AFP.
Dans un message transmis à l’AFP, l’Inserm a précisé que « les conditions dans lesquelles cette interview a été menée n’ont pas permis [à Camille Locht] de réagir correctement, il s’en excuse et tient à préciser qu’il n’a tenu aucun propos raciste ». Des excuses au nom de Camille Locht, en demi-teinte par l’Institut reposant toute la teneur raciste des propos émis sur la chaîne française d’information en continu.
De nombreux internautes ont également fait part de leur colère, en France et sur le continent africain. Le Club des avocats au Maroc a ainsi annoncé sur sa page Facebook son intention de « porter plainte pour diffamation raciale ».






