Pas de certificat de mariage, pas de clé de chambre. The Economist relève, dans un article publié ce 13 novembre, que la pandémie a réduit de 80 % le nombre de touristes étrangers ; pour aggraver les choses, l’interdiction au Maroc des relations sexuelles extraconjugales [NDLR : qui concerne les Marocains musulmans] étouffe le marché intérieur hôtelier, estime le media.
Les couples non mariés pris sur le fait dans la même chambre sont passibles d’une peine d’emprisonnement pouvant aller jusqu’à un an en vertu de l’article 490 du code pénal. Chaque semaine, la police vérifie les registres des hôtels pour faire respecter la loi.
Les réceptionnistes sont tenus de vérifier les certificats de mariage avant de remettre les clés. «Je reçois plus d’appels de couples non mariés qui souhaitent rester que quiconque», explique à The Economist, Meryem Zniber, qui dirige un resort dans les montagnes du Rif. « Je pourrais remplir mon hôtel à 100 % si seulement ils levaient la loi. »
Les espoirs de changement se sont accrus après que le parti islamiste (PJD) à la tête du gouvernement pendant 10 ans a subi une défaite écrasante lors des élections de septembre, perdant 90 % de ses sièges. Pendant une décennie, ses dirigeants ont étouffé toute politique jugée haram ou contraire à la loi islamique. Aziz Akhannouch, le nouveau Premier ministre, analyse The Economist « a l’air plus libéral ».
Son gouvernement a récemment annoncé qu’il réviserait l’ensemble du code pénal.
Certes des méthodes de contournement existent mais la population semble en avoir assez de l’hypocrisie.
Les conservateurs exhortent les jeunes marocains à respecter la tradition. Les jeunes rétorquent que l’article 490 a été introduit par la France en 1953, vers la fin de l’ère coloniale. Et ils donnent pour exemples d’autres pays musulmans qui secouent les vieilles mœurs. Ainsi, les Émirats arabes unis ont dépénalisé les relations sexuelles extraconjugales il y a un an. Les Saoudiens avancent que leurs hôtels ont cessé de demander aux couples de montrer des certificats de mariage à la réception.
Pour conclure, The Economist évoque la dernière campagne du Maroc qui implore par hashtag interposé « Vote4Love ». Celle-ci vient après « L’amour n’est pas un crime » et « Stop490 » qui prolifèrent en ligne.