The Economist précise que le régime algérien espère “peut-être qu’une crise avec les voisins détournera l’attention des problèmes intérieurs”.
Le journal anglais écrit ce vendredi 13 mai, qu’en tant que dixième plus grand producteur de gaz naturel au monde, l‘Algérie devrait connaître une période faste, dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Et ce, puisque cette guerre a poussé les gouvernements européens à chercher précipitamment de nouveaux approvisionnements. L’Algérie est déjà le troisième fournisseur du continent européen, car elle y achemine plus de 80 % de ses exportations de gaz (principalement vers l’Espagne et l’Italie). En tant que tel, l’Algérie devrait investir dans de nouvelles capacités pour produire et transporter davantage de gaz, Au lieu de cela, s’étonne The Economist, elle menace d’en envoyer moins.
Le média explique le pourquoi de tels agissements contradictoires, bien qu’il n’y voit aucun bénéfice pour l’Algérie ni pour la région.
Il remonte aux années 1970 avec le soutien algérien à la milice du polisario, puis évoque les événements de 1994, et s’intéresse ensuite à la fermeture en fin 2021 par l’Algérie du GME qui relie l’Espagne au Maroc. Il spécifie que l’Espagne continue de recevoir les exportations algériennes par un gazoduc sous-marin (Medgaz) plus petit qui contourne le Maroc. Ce qu’il qualifie d’acte de dépit à l’égard du Maroc. The Economist poursuit avec un autre acte incompréhensible pour l’entendement humain, survenu le mois dernier : l’Algérie relate l’article, a menacé de fermer le Medgaz également, après que le Maroc a demandé à l’Espagne de lui envoyer du gaz en inversant le flux du gazoduc Maroc-Espagne, aujourd’hui à l’arrêt.
L’article commente cette décision en soutenant que cela pourrait bien être de l’esbroufe puisque l’Algérie ne veut certainement pas perdre l’argent espagnol.
Quoi qu’il en soit, analyse The Economist, les propos incendiaires de l’Algérie ont beaucoup à voir avec ses problèmes de politique intérieure.
The Economist rappelle que la décision de fermer le GME est liée au différend autour du Sahara, où, assure-t-il, le Maroc a gagné du terrain tant sur le plan militaire que diplomatique.
Le media anglais souligne, en outre, que le roi Mohammed VI a tenté de faire baisser les tensions l’année dernière, en appelant au dialogue dans son discours annuel du trône. Mais l’Algérie, précise The Economist, semble moins encline à la réconciliation. Elle a même blâmé le Maroc pour les incendies dévastateurs de l’été dernier, s’étonne une fois encore, le média.
D’ailleurs l’article soutient qu’une crise avec le Maroc est un moyen, pour le régime algérien, de rallier des Algériens de plus en plus frustrés. Cependant, les Algériens semblent moins enclins au conflit que leurs dirigeants, précise The Economist en spécifiant que les plus jeunes, surtout, préfèrent “que leur gouvernement se concentre sur l’emploi et l’économie plutôt que de brandir des sabres contre son voisin”.
En effet, poursuit le média anglais, l’Algérie est dans une mauvaise passe. Il cite le Hirak qui a réussi à renverser, il y a trois ans, Abdelaziz Bouteflika après 20 ans de pouvoir. Les manifestants avaient espéré qu’une nouvelle génération de dirigeants émergerait. “Au lieu de cela, sa chute n’a fait qu’officialiser le règne du Pouvoir, une clique d’hommes gris qui ont dirigé le pays dans l’ombre tout au long du règne de Bouteflika. Ils n’ont pas fait grand-chose pour réformer une économie souterraine ou lutter contre la corruption. Le chômage avoisine les 12 %, et est plus élevé pour les jeunes. L’inflation a atteint 8,5 % l’année dernière.”, déplore le media.
Les Européens, eux aussi, écrit The Economist, sont sur leurs gardes par rapport aux événements qui se déroulent du côté de la rive sud de la Méditerranée, d’autant que les menaces algériennes exacerbent la longue querelle de l’Algérie avec le Maroc. The Economist pour conclure, soutient que “des Algériens bien informés affirment que l’affrontement avec leur voisin pourrait même dégénérer en guerre”.