L’extension du domaine d’un procès terminé, telle est l’entreprise désespérée de la défense de Toufik Bouachrine. Recourir aux Nations unies comme voie de contestation des décisions du tribunal cache mal, en effet, la réalité de procédés assez particuliers.
La justice marocaine a alourdi en appel, le 25 octobre, la peine de Taoufik Bouachrine en le condamnant à 15 ans de prison pour des violences sexuelles, «abus de pouvoir à des fins sexuelles», «viol et tentative de viol». Certaines audiences de ce procès ont été employées par La Défense pour échapper aux faits et à la vérité.
La cour d’appel de Casablanca a, à nouveau, jugé Toufik Bouachrine coupable après plusieurs heures de délibéré. Sa peine de prison a été assortie d’un total de 2,5 millions de dirhams d’indemnités pour les huit victimes. Début octobre, le représentant du parquet, Mohammed Messaoudi, avait demandé aux juges d’alourdir sa condamnation à 20 ans de prison assortis d’une amende d’un million de dirhams. Dans une tentative désespérée de perturber la fin de ce procès, la défense de l’accusé s’engouffre dans le déni et dans des manœuvres sans fin.
Les victimes ont vu les abus contre elles publiquement reconnus, instruits et jugés, qu’ils ne seraient plus l’objet de dénégations, que ce jugement permettrait alors une prise de conscience collective. En même temps, un avocat grassement payé en devises, en l’occurrence Rodney Dixon, tente d’actionner la piste des Nations unies et d’internationaliser cette affaire pour blanchir un délinquant sexuel. Une action dont les tenants et les aboutissants restent inconnus pour tout le monde.
Ces nouvelles sollicitations de l’ONU s’inscrivent dans une tendance destinée à alourdir l’ambiance autour du verdict final. Ce mode d’intervention dans le périmètre de compétence du tribunal chargé de l’affaire est fondé sur un postulat fallacieux selon lequel la procédure concernant cette affaire est loin d’être incontestable.
Les autorités marocaines ont toujours affirmé que la procédure était conforme aux normes internationales en vigueur, en mettant en avant l’indépendance de la justice. Mohammed Ziane, principal avocat de l’accusé prétend, dans une tribune publiée après la condamnation de son client, que ce dernier n’a pas profité de tous ses droits judiciaires. Il s’agit pour l’avocat d’établir un autre type de savoir, via d’autre procédés : contourner les faits, faire valoir pendant la durée du procès, malgré tout, que l’accusé est visé uniquement pour ses activités professionnelles, et décrier les plaingnantes.
Le caractère offensif de la défense du condamné traverse deux lignes de tensions : l’une, juridique, concerne ses techniques de justification et sa volonté d’internationaliser l’affaire coûte que coûte. Pour compléter le tableau, les avocats de Bouachrine, sans stratégie, affirment que le juge était sous contrôle, le procès purement arbitraire, la condamnation de leur client quasi certaine. L’usage du recours aux Nations unies est avant tout une sorte démarche de l’effroi. Pour ces illuminés, consacrer la vision d’une justice peu libre, décriée en son indépendance, frustrée de sa prééminence est la seule planche de salut pour leur client, définitivement condamné pour abus de pouvoir à des fins de viol.