Bien que le gouvernement Marocain ait annoncé le lancement du plan d’urgence de 2 MMDH pour le soutien du secteur du Tourisme, cela ne répond tout de même pas aux attentes des professionnels du secteur, estime l’expert en tourisme, Zouhir Bouhout.
Ce plan de relance, d’après la même source, concerne principalement le prolongement du versement de l’indemnité forfaitaire de 2000DH durant le premier trimestre 2022 (incluant également les transporteurs touristiques et les restaurants classés ), le report des charges dues à la CNSS pendant 6 mois pour ces mêmes employés, ainsi que l’établissement d’un moratoire relatif aux échéances bancaires sur une durée pouvant aller jusqu’à 1 an, pour les hôteliers et les transporteurs touristiques (les intérêts intercalaires seront pris en charge par l’État pour une période équivalente aux mois de non activité en 2021, ainsi que le premier trimestre 2022).
Il comprend également la prise en charge par l’État de la taxe professionnelle due par les hôteliers en 2020 et en 2021, et l’octroi d’une subvention de l’État au secteur de l’hôtellerie, pour un montant global de 1MMD pour soutenir l’effort d’investissement (entretien, rénovation, formation…) des hôtels souhaitant se préparer à un redémarrage rapide de l’activité dès la réouverture des frontières.
La paralysie financière persiste
Toujours est-il que ce montant reste en deçà des attentes des opérateurs qui ont revendiqué un vrai plan Marshall pour reconstruire un secteur ruiné et demeure de surcroît très loin de panser les plaies dues à la fermeture des frontières et causant d’énormes pertes pour le secteur, estime l’expert du tourisme.
Selon Bouhout, les différents représentants des professionnels et à leur tête, la confédération nationale du tourisme sont tous unanimes pour une ouverture intelligente des frontières, le but est d’amorcer la relance du secteur tout en sauvegardant les acquis du pays en matière de maîtrise du virus.
Il ajoute que la fermeture des frontières a eu un impact néfaste sur le secteur depuis mars 2020, l’activité a chuté de 80 % en 2020 et de 70% a 75% en 2021. Le Maroc a perdu 10,4 millions d’arrivées en 2020 par rapport à 2019 et presque autant en 2021. Le volume des nuitées a subi le même sort puisqu’il est passé de plus de 25 millions en 2019 a environ 6,9 millions en 2020 (8,5 millions max en 2021).
« Les recettes du tourisme international se sont effondrées durant les deux dernières années, la balance de paiement a perdu quelque 82 milliards de DH au niveau des recettes de voyages et la part des recettes du tourisme interne ont reculé de plus de moitié », déplore Zouhir Bouhout.
« Les opérateurs du secteur ont engagé d’importants investissements dépassant 150 milliards de dirhams (hors investissements de renouvellement) et qui ont pu assurer plus de 500.000 emplois directes et 2,5 millions d’emplois indirects », fait savoir la même source.
Les chiffres du Haut-Commissariat au Plan (compte satellite du tourisme), indiquent que la consommation interne du tourisme dépasse les 138 milliards de dirhams en 2019 (la part du tourisme international représente les deux tiers).
De plus, le secteur du transport aérien, intimement lié au tourisme et a l’activité du voyage a enregistré des recettes de 17 milliards de dirhams en 2019, le Chiffre d’affaire de l’ONDA se situait à 4,24 milliards de DH et l’activité du transport maritime a généré plus de 11 Milliards de DH en 2019.
De même, l’artisanat a réalisé un important chiffre d’affaires à l’exportation de 800 millions de dirhams en 2019 et l’activité shopping aurait généré près de 5 milliards de dhs qui ont été injectés dans le secteur des commerçants (Malls, boutiques, magasins, etc…)
« Le tourisme interne ne peut remplacer le tourisme international »
La même source livre pour exemple les recettes du tourisme international en 2021 qui ont atteint 5 milliards et 389 millions de dirhams, 3 milliards et 499 millions de dirhams ont été enregistrées au deuxième trimestre 2021, alors qu’au cours du troisième trimestre coïncidant avec l’ouverture des frontières, les recettes se sont élevées à 15 milliards de dirhams et 975 millions de dirhams. Ainsi, l’ouverture des frontières, a permis d’obtenir en un trimestre le double de ce qui a été obtenu au cours des six premiers mois.
En ce qui concerne le tourisme intérieur, l’expert estime qu’il ne peut pas remplacer le tourisme international pour un certain nombre de considérations, « d’abord parce que le Maroc dépend à 70% des nuitées du tourisme international, étant donné que les revenus par habitant des citoyens des principaux marchés émetteurs sont plus élevés que les revenus du citoyen marocain ».
D’autre part, les plans touristiques que le Maroc a connu en 2010 et 2020 n’accordaient pas plus d’importance aux infrastructures d’accueil destinées au tourisme interne, dont le programme « Biladi ».
Il conclut en notant qu’un nombre important de pays développés dans les pays de l’OCDE, la proportion du tourisme intérieur varie entre 75% et 80% de l’activité du secteur contre environ 30% pour le Maroc.