Le 12 février, la visite à Alger du ministre des affaires étrangères José Manuel Albares a été annulée à la dernière minute. Une décision du chef de la diplomatie espagnole lui-même, après une modification brutale de l’ordre du jour de ce déplacement qui aurait, à en croire des médias algériens, acté une reprise officielle des relations entre Alger et Madrid.
Les domiciliations bancaires des opérations extérieures relatives aux échanges depuis et vers l’Espagne sont toujours suspendues par l’Algérie après que Madrid a reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara, selon des sources espagnoles qui démentent tout retour à la normale. Depuis 2022, le Cercle de commerce et d’industrie algéro-espagnol (Cciae) déplore que les relations commerciales entre les deux pays se réduisent «au gaz et au pétrole» au détriment même «des PME algériennes industrielles, gravement pénalisées». La maintenance des usines de dessalement d’eau par les entreprises espagnoles est au point d’arrêt malgré la grave situation hydrique de l’Algérie.
Parallèlement, il y a moins d’un mois, «l’Algérie a subi un nouveau revers diplomatique concernant la question du Sahara : la France [a] qualifié le plan d’autonomie de »la seule base d’une politique politique, juste, durable et négociée »», a-t-on noté. Le «traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération», conclu en 2002 avec l’Espagne, est toujours neutralisé, affectant la coopération bilatérale dans plusieurs domaines. Par ailleurs, les liaisons aériennes entre les deux pays se sont clairsemées et ont renchéri depuis qu’Air Algérie a décidé de ne plus desservir l’Espagne à des fréquences régulières.
Fin 2023, l’Algérie a nommé un ambassadeur en Espagne en marge d’un Conseil des ministres. Un diplomate intermittent, Abdelfetah Daghmoum, ancien numéro deux de l’ambassade d’Algérie à Madrid et ex-ambassadeur algérien en Guinée, et qui ne rencontre les responsables espagnols que rarement et après de le feu vert de sa hiérarchie. Les projets économiques entre les deux pays, surtout ceux liés aux secteurs de la céramique, de l’agroalimentaire, des nouvelles technologies et du BTP, ont été lourdement affectés par les mesures de rétorsion algériennes.